lundi 10 août 2020

semaine 2 : août 2017


Hello,
Un an après ma première semaine de traversée entre Hendaye et les Forges d'Abel au fond de la vallée d'Aspe,  je démarre la deuxième toujours en autonomie le jeudi 3 août 2017, qui me conduira à Saint-Lary-Soulan en vallée d'Aure le vendredi 11 août.

J0 : mercredi 2 août 2017
Je veux redémarrer de l’endroit où je m’étais arrêté l’an dernier, donc des Forges d'Abel.
Autant aller dormir à la cabane de Thézy, sur la route d'Espélunguère pour commencer aux aurores le jeudi.
Je prends le train à Perpignan à 11 h 20 en espérant prendre le dernier bus à Bedous à 18 h.
Trois correspondances plus tard, le train Pau - Bedous est parti depuis 4 minutes quand j'arrive à la gare de Pau, le train Toulouse – Pau ayant eu un peu de retard.
On est 3 personnes en plan, la SNCF  - à Bordeaux - n'a pas daigné faire attendre le TER quatre minutes (pour leurs fichues statistiques) malgré l'appel du contrôleur du train de Toulouse - sur ma demande - une heure auparavant, voyant le retard.
Et qui c'est qui nous paye l'hôtel maintenant ? keutchi, personne, la SNCF s'en fout, merci !
Heureusement, une connaissance paloise m'hébergera à l'improviste et me permettra de prendre le premier train le lendemain à 7 h 30.



J1 : Jeudi 3 aout 2017
Distance : 21 km         D+ : 1900 m             D- :  920 m

J'arrive donc en bus (Bedous - Canfranc) aux Forges d'Abel à 9h20, endroit toujours aussi lugubre tant tous les bâtiments semblent désaffectés.



Je prends de l'eau dans le gave d'Aspe et bim, je m'étale de tout mon long dans l'eau en glissant sur un rocher moussu. Bon, ça commence bien, un peu mal au coude. Heureusement, ce sera la seule chute de ma semaine.
Je remonte la route puis bifurque à gauche au panneau "Sansanet". Je manque de me paumer dans la forêt des le début, je grimpe  une montée bien raide le long d'un gros tuyau et retrouve le bon chemin qui m'amène à la jolie cabane d'Anglus.





Il fait déjà une chaleur à crever et je suis bien content d'être sous les arbres jusqu'au parking de Sansanet, qui est plein.



"Bonjour ", "Hola", ca y va, mais ca ne va pas durer.
J'emprunte prudemment la route de Peyrenère quelques hectomètres et je me retrouve sur le sentier de Compostelle qui me mène au Somport sous une chaleur accablante.





Apres une bonne grosse suée, j'arrive enfin au moche col du Somport où des cyclistes se font photographier devant le panneau.



Par  contre, la vue y est bien belle.



Mon sac pèse 11 kg ce premier jour, vivement que je mange mes lyos et qu'il diminue de 700 g par jour, car je suis de plus en plus réfractaire à porter en rando.
Quel bonheur de planquer le sac et de faire des sommets en ultraléger, comme pour l'Ossau par exemple.
Du Somport, je vise le col Mayou et sa belle montée herbe - rocher bien raide.



Pas un humain dans le coin, ca fait du bien d'être seul.




Je monte sur le Monte Astun



Avec la station d’Astun en contrebas



Par contre, je grille littéralement en mangeant ma semoule, obligé de me couvrir les jambes et les avant-bras sous peine de coup de soleil immédiat.
Je grimpe ensuite sur le joli petit pic d'Arnousse,



puis j'enchaine avec le pic de Bénou



et ses 2 vautours au sommet




 et le pic de Belonseiche (drôle de nom)



d’où j’admire le pic des Moins, l’Ossau, le Palas, le Balaïtous, les Enfers ...



Regard en arrière sur la facile crête parcourue



Au col 2202, je reste à flanc pour rejoindre par la gauche le col des Moines en surplombant le l’Ibon del Escalar, que l'on peut aussi rallier par une très laide piste côté espagnol, dommage.




Le col 2202 tout là-bas



Au col des Moines, je passe en vallée d'Ossau, ou plutôt en vallée de Bious. Le Jean-Pierre est splendide .



J'ai envie d'aller au Paradis mais je tergiverse tant ses faces sont pentues.




Je tombe enfin sur son point faible grâce à quelques cairns et me voici tout là-haut, au Paradis !





Je jouis d'une tranquillité incroyable ici en scrutant des flots de randonneurs en contrebas se rendant au pic des Moines ou du côté du refuge d'Ayous.



La belle paroi du pic Casterau



Je descends rapido jusqu'à la cabane de Cap de Pount et je remonte - dur en fin de journée si chaude - bivouaquer au lac de Peyreget.






Très belle première journée sous un soleil radieux. Pourvu que ca dure !
Demain, j’envisage de monter au Midi d’Ossau malgré des doigts bouffés par l’enduit du carrelage que j’ai posé sur ma terrasse quelques jours avant !!!






J2 : Vendredi 4 août 2017
Distance : 21 km         D+ : 2300 m             D- :  2100 m

Je débute à 7h45 par une température très douce.
La montée au col de Peyreget se fait sous le regard altier des deux pointes du Midi d’Ossau.



Sous le pic Peyreget.



J’arrive au col 25 minutes après le départ.





Je cache le sac derrière des rochers et monte fissa au sommet du Peyreget en mode léger.




Quelle vue au sommet, c’est un bonheur !




Je redescends au col quasi en courant et descends jusqu'au lac de Pombie où une marmotte m'accueille sur le sentier.





Je prends aussitôt le sentier menant au col de Suzon et, 5 minutes après, je cache à nouveau le sac derrière de gros blocs, ainsi que les bâtons. Deux barres de céréales et c'est parti pour l'Ossau.
C'est vraiment très agréable de grimper sans sac, ça change du tout au tout. Le souci, c'est l'eau....
Je bois 20 gorgées à me faire mal au ventre et je pars d'un pas rapide.



Au col de Suzon, côté Nord : le vallon de Magnabaigt.



Côté Ouest, c’est la vue de la photo de la carte Rando Editions n°3 Béarn de 1998.




En fait, le plus difficile au Midi d'Ossau, c'est l'approche entre le col de Suzon et la première cheminée. Je pense que certains randonneurs s'époumonent là car ils sont excités de débuter l'escalade et veulent arriver très vite aux rochers.
Je monte donc lentement cette portion pour ne pas faire monter les pulsations et arrive nickel à la première cheminée.




Il me laisse gentiment passer devant lui car je monte sans réfléchir dira-t-on. Bon, ça fait 5 fois que j'y grimpe.
Je doublerai des tas de gens équipés dans les différentes sections, certains me regardent même sans doute avec mépris quand il me voit seul les doubler à toute vitesse sans matos et sans casque.
A refaire, je prendrai le casque car certains ont le pas lourd et parpinent plus qu'à leur tour, en l'occurrence un espagnol qui descendait encordé dans la troisième cheminée (?) et qui a envoyé à lui seul 3 parpaings, se contentant de crier " piedraaaaa". Fais attention au lieu de crier.
Ca n'engage que moi, mais sans prétention, le premier gage de sécurité sur ce genre de cheminement (je ne parle pas de parois ici bien sur), c'est la forme physique et pas la corde. Si tu as le pas léger, de la force dans les mollets et les quadriceps, et surtout beaucoup de lucidité ( donc un bon entrainement), tu vois très vite les bonnes prises où il faut bien appuyer pour monter efficacement.
J'ai fait ensuite le Balaïtous et la grande Fâche sans faire tomber un caillou de plus de 20 cm de haut alors que certains déménagent tout.
Bien sûr, ca peut arriver d'en faire tomber un maladroitement mais ca doit être très rare...
A la deuxième cheminée, tout le monde passe sur la gauche le long de la paroi alors que celle du milieu est très facile à la montée comme à la descente. Des prises de partout, espacées comme il faut, très solides. Je me répète mais quand on est bien lucide et sûr de ses appuis, aucune raison de s'équiper.




Dans la troisième « cheminée »




Arrivé à la partie rocailleuse moins intéressante, je commence vraiment à avoir très soif et je me rappelle du petit névé quelques encablures sous le sommet. Je m'y arrête et bois 5 gorgées de neige qui me soulagent instantanément sans bien sûr étancher ma soif.





Je monte sur les deux pointes du Jean-Pierre et profite un long, long moment du merveilleux instant présent.






Je suis au-dessus du Paradis !



Je redescends tranquillement mais sans pause et me retrouve bien vite au col de Suzon où le beau « triple » pic de Saoubiste me fait de l'œil. 20 minutes plus tard, je suis à son sommet et là, pas un chat. Ca change de son illustre voisin.






Je descends ensuite retrouver mon sac où je bois un litre sans discontinuer. Quelle chaleur !
Il est 14 h, trop de monde à Pombie, ça jase un peu trop fort. Je descends un peu sur le sentier du caillou de Soques et mange à côté d'un troupeau de moutons, qui paissent sans leur cerbère patou. Très agréable.



Ouh là, là, va falloir remonter au col d’Arrious…



Le Saoubiste a belle allure d'ici.



La descente ensuite est très ludique, on croise les cabanes de Puchéoux et de la Glère, puis on entre dans une forêt bienvenue pour profiter de sa fraicheur.







Arrivée au caillou de Soques.





Réglementation du PNP.



La remontée au col d'Arrious sera moins ludique: je cuis littéralement pendant les 900 m de D+ sous un soleil écrasant.



La cabane  d’Arrious.



La quèbe d’Arrious.



J'ai dû plonger ma tète entière dans le ruisseau d'Arrious au moins 5 fois dans la montée.
Le col convoité.



Au col, il est 19 h 30, je profite enfin de la fameuse vue sur le pic du lac d'Arrious.



J'arrive au début du passage d'Orteig.




Je prends mon temps pour le passer car je suis fatigué et le sac me pèse.
Au beau milieu du passage, les nuages m'enveloppent et je ne vois plus du coup mon malheur. Je comprends que j'ai fini le passage quand il n'y a plus de filin...



Je zigzague sans rien voir (merci les cairns) jusqu'au  barrage du lac d'Arrémoulit.





et je vais m'installer sur une banquette herbeuse vers le sud du lac.



Le paysage s’ouvre parfois  sur les pics d’Arriel.



Il est temps de manger ma bouillie…



Demain, direction Balaïtous si le temps le permets.
J’aimerais discuter un peu avec des hrpistes mais je n’en ai pas encore rencontré un seul.




J3 : Samedi 5 août 2017
Distance : 13 km         D+ : 1290 m             D- :  1420 m

Aujourd'hui je quitte les Pyrénées-Atlantiques pour entrer en Aragon.
Je n'entrerai dans les Hautes-Pyrénées que demain.
Les pics d'Arriel au petit matin.



Le Lurien



Un français rencontré sur l'Ossau m'a dit qu'il risquait de pleuvoir aujourd'hui à partir de 14h sur le secteur Palas - Balaïtous.
Je décolle donc tôt ce matin et parvient à 8h15 au col d'Arrémoulit.





Regard en arrière. A bientôt le 64.



Quelques photos sur le Bala et sa grande Diagonale et je file au lac supérieur d'Arriel.





Si je ne me trompe pas, je vois ici la traversée col du Palas - port du Lavedan, sous le fier Palas.



Je cache mon matériel de bivouac et je n'emmène que des vêtements thermiques/imper, de l'eau et quelques barres de céréales.
Je suis à 2232 m et le sommet du Balaïtous est à 3144 m. Bon bah 900 m de D+, allons-y.
Le col d'Arrémoulit versant Aragon.



Je remonte le raide ravin pour arriver au magnifique Ibon Chelau.




Celui qui aime le coté minéral est servi dans ces lieux. Des blocs partout. Une sente cairnée se dégage de cette océan de roche, elle m'amène sans aucune difficulté au niveau de l'abri Michaud, où je rejoins deux espagnols, premières personnes rencontrées de la journée, et que je reverrai le lendemain au sommet de le Grande Fâche !





Regard en arrière : Ibon Chelau, pic d'Arriel, pic du Midi d'Ossau...



Je leur passe devant pour éviter qu'ils me parpinent dans le couloir bien croulant qui suit. Une fois celui-ci avalé, la GD apparait enfin.




Aucune difficulté, pas de vide, justes des marches à gravir contre la paroi. J'avance vite avec mon sac très léger, un petit vent apporte la fraicheur nécessaire pour ne pas souffrir de la chaleur.





Au sommet de la GD apparait une grande flèche rouge qui indique la voie à suivre dans les multiples couloirs suivants



Je m'arrête pour apprécier un paysage insensé : tout est beau !
Des sommets de partout, des crêtes, des couloirs, des lacs, c'est fabuleux.



Encore 200 m de D+ dans les blocs. C'est très plaisant.




J'arrive sur l'immense sommet du Balaïtous où, comme l'écrivait Véron, une armée entière pourrait y séjourner.






La crête du Diable je crois.



Je profite du lieu une heure, je découvre ces vallons, glaciers, crêtes.




Je redescends par prudence par le même chemin car je n'ai jamais lu le topo par la brèche Latour. Les 2 espagnols me diront plus tard que ça passe sans corde. Va lé, la proxima vez, gracias.




1h 30 plus tard, je retrouve mon sac et déjeune au lac inferieur d'Arriel sous un soleil écrasant.




L'arête des Frondellas tout là-haut.



En fait, il ne pleuvra pas de la journée mais le ciel se vengera la nuit !!
Je profite au rythme d'un escargot du très beau GR en balcon qui me conduit au grand lac de Respomuso.




Le refuge de Respomuso, le col de la Fâche, la Grande Fâche à droite, la Pêne d'Aragon à gauche.



Le vieux refuge Alfonso XIII



Au revoir Respomuso



L'Armée Républicaine descend du col de Piedrafita (GR 11)



Je vais dormir à Campo Plano, où je pose ma tente près de la cascade à gauche en arrivant. Je fais un plouf pour me décrasser, l'eau est tiède. Plein de tentes à Respomuso, aucune ici, bizarre.





Extinction des feux à 21 h, les cloches des vaches en face me bercent et je m'endors rapidement. Avant une nuit bien agitée !!



J4 : Dimanche 6 août 2017

Distance : 18 km         D+ : 1830 m             D- :  1850 m

Nuit terrible !!
L'orage me réveille à minuit, un nombre d'éclairs insensé, je n'arrive pas à les compter tant il y en a, et la pétarade qui va avec est toute proche, sans doute du côté des pics d'Enfer, mais ne sera jamais du côté du lac. Ouf, la pluie arrive puis s'intensifie et rafraichit rapidement l'atmosphère électrique. L'orage s'en va jusqu'à... 3h du matin, où là c'est encore pire. C'est un véritable feu d'artifice du 14 juillet. Bim, bam, boum, je ne suis pas fier du tout et la pluie qui commence à tomber enfin me soulage un peu. Sauf qu'elle s'intensifie un peu trop pour finir en ... déluge de grêle. Ca durera 3 minutes mais les grêlons sont gros comme des calots. Ils rebondissent sur le tissu de ma tente comme des balles de ping-pong. Je crains la déchirure quand ca s'arrête enfin. J'inspecte rapidement la toile mais pas de trou, ouf. La pluie continuera encore au moins une heure et je me rendormirai vers 5 h pour me réveiller 2 h plus tard.





Je bénis encore le nylon silicone (silnylon) de ma tente qui a passé là un sacré test de solidité et d'étanchéité. Un peu de vent, je la secoue et hop, en 5 minutes elle est sèche, je peux la plier et partir.



Je décolle à 8h30 pour gagner le col de la Fâche.
Le col de la Peyre-Saint-Martin à ma gauche, qui permet de regagner la France et la vallée du gave d'Arrens.



Regard en arrière



Je porte très peu d'eau car je bois quelques gorgées quasiment à chaque ruisseau traversé. Et il y en a beaucoup vu la nuit précédente !



La montée est magnifique le long du barranco de Campo Plano





Les restes du névé, que l'on évite en passant au-dessus



Joli lac de la Fâche cote espagnol



Arrivée au col de la Fâche



Il reste 400 m de D+ pour arriver au sommet de la grande Fâche. Je planque le sac et je grimpe la ludique montée dans les rochers




Seul hic, les nuages se sont invités et on n'y voit rien au sommet. Pas cool, je sens que je vais me fâcher!





Je retrouve mes 2 espagnols du Balaïtous qui ont eux aussi passé une nuit terrible. Difficile de converser correctement avec mon espagnol très, très approximatif. Où sont les français ?? 
Un français rencontré sur 50 personnes, ça fait peu depuis 2 jours.
Je reviens en France par la vallée du Marcadau que j'entrapercevrai dans les nuages







Je mange peu après le refuge Wallon, qui me fait penser à un hôtel, vu sa taille...



Chapelle



Je mange à l'embranchement de la vallée d'Aratille en n'étant pas très optimiste pour la météo



Je remonte le vallon d'Aratille, qui est bien moins fréquenté. Le temps et le vent se sont levés, on y voit  plus clair, chouette.






Le beau lac d'Aratille



On ne voit pas bien le col, on ne le découvre qu'au dernier moment





Le lac du col d'Aratille



La face Ouest du seigneur des lieux apparait



Le rio Ara nait ici



Le long chemin en balcon dans la pierraille est bien pratique pour gagner le col des Mulets sans perdre d'altitude




Des milliers de passages l'ont rendu horizontal, contrairement à ce qu'a connu Véron, qui conseillait de passer dans les banquettes herbeuses bien en-dessous.
Petite remontée au col des Mulets



Un sac Mul au col des Mulets (Marcheur Ultra Lourd et Têtu)




J'y rencontre un britannique avec qui je discuterai en installant le bivouac face au Vignemale.
Rapide descente aux Oulettes de Gaube






Quel beau bivouac et pas d'orage cette nuit!



Mon petit chez moi







J5 : Lundi 7 août 2017
Distance : 23 km         D+ : 1760 m             D- :  2070 m

Je décolle a 8 h 15 avec la magnifique vue sur la face Nord du Vignemale



Le col des Mulets à droite et le col des Oulettes à gauche



Sur le panneau proche du refuge des Oulettes de Gaube, il est indiqué "Hourquette d'Ossoue : 2 h 45", mais la montée bien régulière en lacets d'abord puis à flanc me permet de gagner la Hourquette en 1 h 20.






Vue sur Baysselance



Il y fait un froid glacial avec beaucoup de vent et on n'y voit aucun sommet, tout est bouché sur les hauteurs. Je crois que peu de monde ira faire la Pique Longue aujourd'hui



Je me dis que le vent va peut-être chasser tout ça le temps que je monte au Petit Vignemale : que nenni !





Je reste à attendre frigorifié 20 minutes au sommet pour voir quelque chose, mais rien de rien : ni Pique Longue, ni Pointe Chaussenque, ni glacier...




A peine aperçoit-on le début d'un couloir versant Oulettes... 
En fait, les 3000 auront la tête dans les nuages toute la journée



Le lac de Gaube tout de même



Je descends en grelottant jusqu' au refuge de Baysselance




où je converse enfin un peu en français avec 3 randonneurs, que je reverrai le soir à la cabane de Sausse-Dessus. L'un d'eux est Grégoire, passionné des glaciers pyrénéens et membre du forum Pteam. Grégoire, si tu me lis, comment vas-tu? Avez-vous réussi à faire les fajas le lendemain?
La descente au barrage d'Ossoue est très plaisante et je me régale à regarder les sommets alentour






Toutes les Pyrénées sont belles, elles forment un tout, mais la différence entre les PO et les HP, c'est que dans les Hautes-Pyrénées, il y a des sommets de partout!! On ne sait plus où donner de la tête : des pics, des pointes, des arêtes, des brèches, des cols, c'est prodigieux !! Celui qui prétend vouloir faire tous les sommets des HP en a pour un bon moment !
Une des trois grottes Bellevue



Coucou !



Au Pont  de Neige, il n'y a quasiment plus de neige, c'est un peu triste



Cascade



Je m'attriste aussi de voir si peu d'eau dans la retenue d'Ossoue



retenue occupée par l'équipe des Meuh, qui se repose en attendant d'affronter l'équipe des Beeeh




Je déjeune au-dessus du barrage et remarque sur la carte deux pics aux noms qui me font sourire : le Pic Rond et le Pic Pointu



Allons-y, enfin... essayons d'y aller ! En pleine digestion, je grimpe directement dans l'pentu 300 m de D+ dans des rhodos et de la caillasse malcommodes
D'un peu plus haut



J'arrive dans une petite cuvette où je distingue un cairn à ma gauche et je rejoins un sentier parfaitement cairné qui monte sans doute jusqu'aux Tapous.
A l'approche du pic Pointu, je constate qu'il l'est vraiment... pointu ! 



Essayons par la droite : je suis le sentier jusqu'au lac de Montferrat mais le pic est ceinturé par des parois inaccessibles pour moi



Tant pis, je fais demi-tour et aperçoit à droite une petite brèche que j'aurai beaucoup de mal à atteindre tant c'est croulant : 2 pas en avant, un en arrière



Je tombe sur un versant plus doux, mais cela reste encore en devers où il faut avoir le pied sûr



 Je fais beaucoup d'efforts pour atteindre ce que je pense être le sommet et son cairn




avec à l'Ouest la vue sur la pic de Pla d'Aube



mais, en me retournant,  j'aperçois un autre cairn sur une pointe plus à l'Est. Quel est le vrai sommet ??? Arff, c'est l'autre alors que je suis 11 m plus haut. Tant pis, je nommerai celui-là pic Pointu occidental



Ca me paraît un peu technique pour atteindre l'autre, je me contenterai de celui-là aujourd'hui. 
Je surplombe d'ici le lac de Monferrat où j'étais tout à l'heure



Les deux sommets du pic Pointu sont séparés par cette brèche



Je descends très rapidement en me laissant glisser dans les ruisseaux de petite caillasse, en amenant des kilos de cailloux avec moi. Cela divertit le troupeau de vaches qui broutent la belle herbe plus bas. Je remonte illico sur le pic Rond, qui est vraiment ... rond. Pas simple de trouver son sommet s'il n'y avait pas un énorme cairn




On voit bien d'ici le cairn du vrai sommet du pic Pointu



Il est 18 h 30, je veux me rapprocher le plus de Gavarnie ce soir, donc je ne traine plus. Je retrouve le bon sentier cairné puis le GR 10 au niveau de la cabane de Lourdes




Dernier regard sur le Rond et le Pointu



Pardon, madame la marmotte, ne bougez pas, je passe à droite



Comme dit plus haut, je revois mes compagnons d'un jour à la cabane de Sausse-Dessus et discute bien 20 minutes avec Grégoire, qui aimerait bien visiter le glacier d'Arcouzan. 
Je repars bien tard. Tiens, 19 h 45 à 1945 m d'altitude, marrant




Je m'arrête à la très rustique mais mignonne cabane de Tousaus. J'y prends mes quartiers ce soir car j'ai la flemme de monter la tente. Vu les éclairs de la nuit, j'aurai bien fait !








J6 : Mardi 8 août 2017
Distance : 20 km         D+ : 2360 m             D- :  1180 m


Des éclairs illuminent le ciel une partie de la nuit mais le tonnerre est lointain. C'est rassurant d'avoir un toit...
Je décolle à 8 h dans les nuages pour descendre à Gavarnie



Le refuge les Granges de Holle



J'achète du gaz au magasin La Cordée. Pas trop aimable le vendeur, mais bon.
La météo affichée à l'office de tourisme n'est pas du tout encourageante... avec entre autres de la neige annoncée à partir de 2600 m côté français le lendemain. Vive l'hiver en août !
Je choisis du coup d'aller côté espagnol, qui sera sans doute plus lumineux.
Je ne connais pas le chemin par les Echelles donc je m'y tente. Le plafond est malheureusement très, très bas



Joli pont de Nadau



 Au  pied du cirque, on ne distingue que le bas de la Grande Cascade




Tout est bien trempé, les rochers risquent d'être glissants. Je prends mes précautions mais je constate que ca passe très bien. C'est juste dommage qu'on n' y voit rien du tout !!







Et ce sera comme ça jusqu'à la brèche : 1200 m de D+ dans le brouillard...
Je rencontrerai 8 italiens un peu perdus à la recherche de cairns vers 2300 m. Je les reverrai le lendemain vers Goriz. Arrivederci !






La montée à la brèche n'est pas difficile techniquement mais elle fait mal aux quadriceps!!




A la brèche de Roland, ça va beaucoup niveau météo, on y voit enfin quelque chose et je trouve enfin quelqu'un qui fait une traversée pour converser : Jean-Paul, qui marche depuis 15 jours d'Est en Ouest. Il a démarré du côté d'Auzat. Je lui souhaite bon courage pour descendre à Gavarnie dans cette purée de pois et je file au pas des Isards pour grimper sur le Casque









J'y arrive vers 15 h pour y déjeuner et je resterai seul au sommet pendant une heure.
Les nuages passent à vive allure au-dessus de moi et vont s'agglutiner en France.
Je suis un peu déçu de la vue mais je serai ravi ce soir au Perdido !





J'ai la flemme de grimper sur la Tour et j'emprunte la vire du dessous qui je le sais m'amènera bien bas du côté de Goriz (vers 2600 m), alors que je souhaite aller bivouaquer à l'étang glacé sous le col du Cylindre (2980 m)



La looongue mais très jolie vire








Le lac de Médiano sans doute



Dernier morceau de vire avant de rejoindre le sentier de Goriz. Je n'aurai croisé ou vu personne




Le canyon d'Ordesa



Je dois remonter 400 m pour enfin installer ma tente sur un des espaces équipés d'une murette de cailloux






Quelle météo ici ! Pas de vent ! Pour l'instant...




L'étang glacé et ma tente à gauche



Je me pose 1/4 d'heure et décide de monter au Mont Perdu car je ne sais pas si le sommet sera débouché demain matin. Je démarre à 19 h et je suis au sommet à 19 h 40, après avoir lutté dans l'infâme montée mi-cailloux, mi-sable.







Et là, c'est la récompense!
Quelle vue et pas un pet de vent !!  C'était pas gagné vu la météo de ce matin à Gavarnie...qui est toujours sous une mer de nuages










Le Vignemale est inversé par rapport à hier : ce sont ses pieds qui sont dans les nuages aujourd'hui !



Quelques sommets émergent côté français



C'est la deuxième fois que je monte ici, chaque fois en fin de journée et seul au sommet !
Je descends en moins de 20 minutes car si la montée est infâme, les petits cailloux permettent une descente en glissade (s'il n'y a personne en dessous bien sûr).
Je déguste un chili con carne lyo bien brûlant, car la température a brusquement baissé avec le coucher du soleil. Il ne doit pas faire beaucoup plus de 0° en température ressentie maintenant.  Vite, je me faufile dans mon sac de couchage, ne doutant pas un instant de la mauvaise nuit que j'allais passer.







J7 : Mercredi 9 aout 2017
Distance : 32 km         D+ : 1840 m             D- :  3630 m


Punaise, quelle nuit... Allez, entre 1 h et 2 h de sommeil maxi...
J'éteins la frontale vers 22 h 30 mais je n'arrive pas à trouver le sommeil, je ne sais pas trop pourquoi. Le sol est un peu dur et surtout bien froid mais je suis équipé comme il faut.
Vers minuit, le vent, alors inexistant, se lève et monte progressivement en intensité.
Il se mêle à un froid bien piquant (assurément moins de 0° C) et il commence à faire trembler la tente dans tous les sens.
J'ai confiance en ma tente mais ce n'est pas un mastodonte de NorthFace pour expédition himalayenne !
Mes bâtons de marche, qui font office d'arceaux, ne bougent pas trop encore. La tente est bien tendue et équilibre grâce aux gros cailloux que j'ai pose la veille sur les 6 sardines. Les bourrasques sont de plus en plus violentes et vers 2h du matin, c'est l'apocalypse.
Habitué à la tramontane, je suis quasiment sûr qu'on n'est pas loin des 80 ou 100 km/h par moment. Je tiens le bâton central avec mes 2 mains alors que le petit de derrière est tombé depuis longtemps. Ca tient bien malgré les énormes claquements de la toile. Mais je commence à sérieusement craindre que la toile se déchire. Apres 30 minutes de gros doutes, je mets finalement le bâton central à l'horizontal et la tente s'abaisse sur moi comme un sursac de couchage. Il n'y a plus d'espace désormais mais c'est quand même bien mieux pour dormir : la majeure partie du  vent passe au-dessus de la toile grâce à la petite murette de pierre, la toile et le sac de couchage me maintiennent bien au chaud dans un cocon douillet. Je pensais qu'amener un sac avec 450 g de plumes serait trop chaud en été, ben je constate que j'ai bien fait !
J'arrive à trouver le sommeil vers 5 h mais malheureusement, le vent ne s'est pas arrêté à mon réveil à 6 h 30. J'ai bien fait d'être allé au sommet du Perdido hier soir.



Je remonte le bâton principal de la tente pour me préparer ma mixture petit déj, le déguste bien brûlant à toute vitesse et décide de décamper. Ca caille dur, et je ne pense pas être frileux. Vive l'hiver !
Mes gants sont efficaces mais c'est limite. Pour la première fois, je mets toutes mes couches : bonnet, gants, maillot mérinos, polaire, gore-tex, pour la seule fois de la traversée. Je n'aurai plus la sensation de froid qu'en passant le col d'Anisclo versant Pinéta.
Je descends vers Goriz et croise un nombre incalculable de randonneurs en tenue légère. J'espère pour eux qu'ils ont prévu d'autres couches de vêtements parce que ca pique fort là-haut!
500 m de D- plus tard, je suis à Goriz. La température est y plus clémente, ouf.



Beaucoup de monde à Goriz, pas surprenant puisque le refuge de la brèche est fermé.
Je prends le temps de bien refaire mon sac, et je suis le GR11 direction le col d'Anisclo




Mont Perdu et Soum de Ramond



Je suis surpris de ne pas croiser grand monde sur ce GR mais la météo très fraîche y est pour quelque chose.
Au col de Goriz ou de Arrablo, il faut prendre à gauche, vers le soum de Ramond




Le chemin remonte lentement mais sûrement et le vent et la fraicheur réapparaissent



En arrière



Plusieurs portions de ce GR sont très belles... quand on n'y voit quelque chose !




Au niveau des deux passages de chaines, il fait vraiment très froid et tout est bien mouillé. Et en plus, on n'y voit rien.




Arrivée à un col un peu avant celui d'Anisclo. La vue est très sympa sur Pinéta et le vallon de la Larri



Le col d'Anisclo est là-bas, je frissonne à cause du vent et de l'humidité



Il est 13 h mais je veux manger tout en bas donc je fais la descente au pas de course, descente pas roulante du tout malheureusement





Cette vallée de Pinéta est splendide



J'arrive devant le refuge de Pinéta



mais je file manger devant l'entrée du parking du parador, devant une petite chapelle et le début d'un sentier menant aux Llanos de la Larri




Quasiment que des familles françaises en redescendent, ça me fait bizarre.
Le repas fini, je trace : vallon de la Larri



Plus haut avant la Estiva, des isards sont pépères





On ne voit rien de la face Nord du Mont Perdu, quel temps là-haut...



la Estiva



Plana Fonda



Je suis le GR 11 que je découvre et que je trouve vraiment très beau




Je voulais au départ rejoindre le port de Barroude par le chemin des mineurs du cirque de Barrosa mais j'abandonne l'idée vu l'heure et la météo.
La très longue piste jusqu'à Parzan peut s'éviter par un beau sentier en balcon



J'emprunte la piste car il est bien tard pour la fin de mon avant-dernier jour de marche et je veux dormir le plus près possible de Parzan.
La punta Fulsa



Le joli village de Chisagues



Je monterai ma tente ici la nuit tombée dans un endroit discret, à quelques minutes du village de Parzan
Demain, dernier jour de marche. Il faut que je sois à Saint-Lary à 10 h après-demain.



J8 : Jeudi 10 aout 2017
Distance : 32 km         D+ : 1790 m             D- :  1830 m


J'espère que le beau temps sera de retour pour mon dernier jour de marche.
Effectivement, grand soleil ce matin ... mais pas pour très longtemps




Je suis l'agréable GR11 en sous-bois au-dessus de la route reliant l'Espagne à la France par le tunnel d'Aragnouet-Bielsa, que je traverse 1/4 h plus tard, ainsi que le rio Barrosa



Commence alors une piste longue, mais longue....qui remonte la looooongue vallée d'Ourdissétou (Urdicéto).
Remonter 1200 m de D+ en faux-plat montant, c'est long...



C'est heureusement une belle vallée et on profite pleinement du paysage et du ruisseau a droite.
La centrale d'Ourdissétou



C'est encore loin...



En arrière



Ca se rapproche...



Je mettrai 3h30 depuis Parzan pour gagner le col d'Ourdissétou (ou paso de los Caballos), situé à 2314 m. Ce col donne accès au secteur Viados-massif des Posets




J'ai croisé quelques randonneurs qui descendaient du col avec leurs vêtements chauds sur le dos. Je comprends mieux au col : le satané vent froid est toujours là. Et en statique pour manger, ce n'est vraiment pas agréable.
Je me cache dans la spartiate cabane à deux pas du col pour faire marcher le réchaud



Je profite en attendant de la vue vers l'Est et le massif des Posets, mais sans en voir le sommet.
Un groupe d'adolescents espagnols arrivent et la plus bilingue du groupe me fait la conversation quelques minutes. Ils vont passer l'après-midi au grand lac, situé 50 m plus haut. Ils ont un foulard comme les scouts mais ... n'en sont pas. Ma curiosité s'arrêtera là.
Les sommets aux alentours sont tous bouchés. Il est 13 h et ... je ne sais pas trop quoi faire.
Je ne peux même pas bronzer ou faire la sieste car il faut se couvrir ou se découvrir toutes les 5 minutes avec cette météo capricieuse où on passe de l'été à l'hiver en un instant selon que le soleil est caché ou non par les nuages.
Je vais voir mon groupe d'ados au grand lac du dessus. Les plus téméraires sont torse-nu au bord de l'eau, prêts à y rentrer. Sans moi les amis!




Je zieute sans cesse le port d'Ourdissétou qui me permettra de rentrer en France mais c'est tout gris. Brrr...



Je me décide enfin à y monter et le soleil sort enfin sur les crêtes frontalières comme par enchantement. Apres avoir discute 5 minutes avec 2 français très sympas qui connaissent Pteam (quel randonneur ne connait pas Pteam ?)




je suis la ludique crête jusqu'au Pic d'Ourdissétou (ou de las Tres Huegas)




Du sommet, vue au Sud sur le grand lac



et vers les Posets, dont je ne verrai pas une fois le sommet de la journée



En arrière vers le port d'Ourdissétou



Cote français 



Je suis ensuite la crête vers le Nord-Est



Avec du beau temps et sans perte de ... temps, j'aurai pu aller aujourd'hui jusqu'au Batoua



Cette terre noire est surprenante



Un arc-en-ciel du cote du col de Gistain



Au sommet du Pena Blanca, dernier sommet de ma semaine de traversée, le Batoua ne se montre toujours pas



Je regarde la montre : 18 h 30, c'est tard.
Je redescends au port de Plan (ou de Rioumajou) et entame la longue descente jusqu'à l'hospice de Rioumajou. Les nuages jouent avec moi mais le sentier est bien balisé en jaune




Je passe enfin sous les nuages pour profiter de la fin de la descente



A l'hospice, je demande si on peut me vendre du fromage de brebis. On me répond qu'ils n'en font pas mais .. qu'ils peuvent me vendre celui qu'ils ont acheté en plaine. Va pour 10 euros ! Il sera très bon, et agrémentera parfaitement mon dernier lyo




Je ne sais pas où dormir, mais ce que je sais, c'est que je n'ai pas envie de marcher dès 6 heures du matin sur une route. Autant le faire ce soir !
Au revoir haute vallée du Rioumajou



Je descends alors la vallée, qui recèle de superbes spots de bivouac ... interdit, sans doute pour la préservation des lieux. Du coup, tout le monde est concentré à Fredançon.
Je continue mon chemin jusqu'à la pénombre où j'arriverai au pont Tisné, non loin de Tramezaïgues. Bon, bah le plus dur est fait



Demain, grasse mat'




J9 : Vendredi 11 août 2017
C'est fini pour cette année. Je prends tout mon temps pour visiter Tramezaïgues




J'emprunte le sentier d'en Trachère pour gagner Saint-Lary-Soulan





Une demi-heure à attendre le bus, qui m'amènera à Lannemezan puis le train jusqu'à Vinça.
C'est fini. Merci de m'avoir lu et à l'année prochaine !

PS: si certains aiment lire des recits de hrp :







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