lundi 10 août 2020

semaine 1 : juillet 2016

Hello,
Je relate ici les 41 jours de ma traversée ouest-est des Pyrénées, de Hendaye à Banyuls-sur-mer. 
J’ai effectué cette traversée en 5 ans, de 2016 à 2020, à raison de 8 jours par an. 
Le tracé de cette traversée a été très personnel, il s'apparente plutôt à la Haute Route Pyrénéenne (HRP), initiée par Georges Véron en 1968.

J0 : samedi 09 juillet 2016
Je pars le cœur gros à 13h42 de la gare de Vinça en voyant mes 2 enfants me faire signe de la main. Je les abandonne 9 jours à leurs 2 grands-mères pour faire un bout de la HRP. J’en ai tant besoin, un peu de temps pour moi, enfin.
Mon sac pèse 12 kg pile poil : 4,6 kg de matériel, 1 kg d’eau et 6,4 kg de bouffe pour 8 jours et demi d’autonomie complète.
La bouffe 



Le sac 




Après 2 correspondances à Narbonne et à Bordeaux, j’arrive à minuit à Hendaye avec ¾ h de retard. Je ne sais pas où aller dormir. Je m’installe dans la salle d’attente de la gare en compagnie de 3 anglais mais un vigile nous demande de partir car il va fermer la gare. Bon, bah, où vais-je ? Je sors la boussole, la mer est au Nord, je file au Sud-Est pour m’éloigner un peu du centre-ville. Après 20 minutes de marche, je trouve un champ du côté d'Olhaso, où je m’installe confortablement sur de la paille. Il ne fait pas froid, il ne pleut pas, je dors à la belle étoile, enfin 3 ou 4 h de sommeil maximum.


J1 : dimanche 10 juillet 2016
Distance : 27 km              D+ : 1650 m        D- : 1430 m        

Je me mets à marcher direction la plage à 6 h pétantes. Pas un chat dans les rues. Je m'installe sur un banc le long de la baie de Chingoudy à 6h20 pour prendre mon petit déj, il y a déjà 3 joggeurs qui me saluent, bin, ils sont matinaux ! J’arrive enfin sur la plage à 7 h, bigre déjà 5 ou 6 gars dans l’eau : paddle, surf…
Les 2 Jumeaux 





le  casino 



Ca y est, c’est parti pour ma traversée du pays basque que je ne connais absolument pas, c'est la première fois que je mets les pieds ici



La baie de Chingoudy 




La hrp et le GR10 coincident 




1ère rencontre : 2 papys qui me disent qu’il va pleuvoir 3 jours de suite à partir de demain, super…
 2ème rencontre, Mary, une canadienne anglophone, qui part pour un mois sur le GR10. On parle ensemble ¼ h puis je lui fait comprendre que je veux marcher plus lentement. En fait, je veux être seul. Enfin pas tout à fait seul, je veux être dans les pensées avec Caroline, ma douce, qui me regarde de Là-Haut. Je discute bien de temps en temps au fil des rencontres mais peu et souvent en anglais avec des estrangers, qui sont majoritaires aujourd’hui.

Biriatou 






Coucou 



Du Rocher des Perdrix, vue vers Hendaye 



Xoldoko Gaina, où je rencontre un trailer qui n’a pas vu l’ours mais qui a hébergé Georges Véron en 1978 dans sa maison de Biriatou, sympa




Arrivée au col d’Osingo (Osingo Lepoa)



Je grimpe sur les petits sommets côtés sur la carte :  de l’Osingo Zelaia, vue sue le col des Poiriers (Pitare)



Montée au Faalegi dans la forêt : un dolmen ?




Manddale 



Puis c’est l’horreur à Ibardin où je passe quasiment en courant. Beurk, ce lieu nauséabond n’a rien à faire sur le passage d’un sentier si renommé ( comme le Perthus d’ailleurs et d’autres…)



Le petit sommet de Gartzin, côté espagnol 



Je trouve de l’eau un peu saumâtre dans un tout petit ruisseau (Sagasti), il fait une chaleur à crever. Je veux aller sur la Rhune mais en passant par la petite Rhune. Du coup, je suis d’abord une petite piste vers le NE pour ensuite monter sur un petit sommet nommé Aritzmendi par son flanc ouest. Première galère : aïe, aïe,aïe, des fougères et des ronces hautes de partout. Je ressors amoché de cette escapade avec les jambes en sang, quelle idée à la con.
Je retrouve une piste que je suis 10 minutes  jusqu'à une bergerie 




Puis je monte sur un petit sentier bien raide dans les fougères sur la crête





puis sur la petite Rhune où je ne vois rien du tout, le brouillard étant tombé




C’est ensuite le col Zizkuitz dans la brume puis le bout de route restante pour monter sur la Rhune.
Je suis seul au sommet, cool. Bon, il est 19 h



Je ne vois rien, tant pis, je reviendrai en train avec mes enfants



De l'autre côté, un peu en contrebas, la vue est bien meilleure.
J’ai compté : il y a exactement 542 cairns comportant chacun en moyenne 7 cailloux. 36% d’entre eux sont partiellement éboulés et 12 % en équilibre précaire




L’Ibantelli au Sud, que j’irai voir demain 



Je file à toute vitesse au col de Lizuniaga en suivant la frontière



La Rhune



Je demande gentiment à mettre mon bivouac sur la belle herbe devant l’auberge. Je suis bien crevé, j’ai eu très chaud et très soif aujourd’hui





J2 : lundi 11 juillet 2016
Distance : 34 km              D+ : 1840 m        D- : 1520 m        

Je décolle à 7h30. Le temps est mitigé. Je fais le plein à la fontaine à deux pas de l’auberge. 2,4 litres, pas de risque aujourd’hui, même si ça pèse.
Un couple de canadiens sortent à ce moment-là de l’auberge et me disent qu’ils se sont endormis à la fin du temps réglementaire du match avec le score de 0-0 entre la France et le Pourtougaaal . Tant pis, j’attendrai pour savoir si on est champions d’Europe.
Je grimpe sur l’Ibantelli en suivant d’abord des pistes par l'Ouest. Elles me ramènent au Nord sur un sentier marqué de jaune bien raide. Oup punaise, acide lactique dans les pattes, vivement que je retrouve la forme.
L’ibantelli à peu près visible



J’arrive au col et à la borne frontière mais je suis déjà enveloppé par la brume



Je cache le sac dans les fougères et monte rapido au sommet. Pas de bol mais je m’y attendais,  je ne vois rien du tout



Je croise un français dans la descente, la seule personne que je croiserai aujourd’hui (!), qui m’apprend qu’on a paumé 1-0 : et merde ! Et que Contador a abandonné au Tour : re-merde ! Bon, passons à autre chose.
J’arrive au col de Lizarriéta, je m’y arrête même pas, c’est glauque



Je file au col de Nabarlatz par la piste, inutile de passer par ces petits sommets sans noms.
En tous cas, ça ne manque pas d’indication 



Et voilà qu’il se met à pleuvoir…. Je mets mon bout de carte IGN photocopiée couleur sur feuille A4 dans un ziploc et je laisse le GR11 à droite pour continuer sur la crête frontière. Je veux en fait faire les crêtes d’Iparla demain, et j’essaie de rester optimiste pour la météo, mais c’est pas simple.
Je veux en profiter pour faire l'Atxuria (Pena Plata) par le Sud-Ouest. 
J’arrive devant de petites parois où des chevaux m’accueillent



C’est à partir de ce moment là que je rentre dans le brouillard et j’y resterai quasiment toute la journée, sniff…
Par où passer ? Je trouve un cairn et je grimpe une petite cheminée facile mi-herbe mi-rocher



Je ne vois rien au sommet de l’Atxuria, tant pis !




Je commence la descente par les traits jaunes plein Est quand j’entends chanter ! Véridique !
Je m’approche et j’aperçois à une vingtaine de moi un abri sous roche où chantent en espagnol quelques personnes. Ca me semble être un chant religieux. Je me pince pour y croire mais je ne rêve pas.
Je laisse ces gens à leur méditation humide car la pluie fine au départ a  redoublé.
Je suis trempé très vite mais comme je suis rarement en statique, je n’ai pas froid. Je garde précieusement mes 4 affaires sèches dans un sac étanche Sea to summit 13 litres : sac de couchage, haut mérino, bas mérino, paire de chaussettes. Ca, c’est précieux, pas mouillé surtout.

Le sentier file vers l’Est puis bifurque au Nord. Je veux rejoindre le col 511, et décide, mouillé pour mouillé, d’aller au plus court et de ne plus suivre les traces : tout schuss dans les fougères. Erreur ! Je mettrai un très long moment pour sortir du bourbier et après m’être étalé 2 ou 3 fois de tout mon long dans ces « marécages », j’arrive tout crade au col avec beaucoup de chance car la navigation à la boussole était limite.
Je monte pour rien sur l'Antzuita et le Mendibil, où je reste 30 secondes, aucune visibilité et pluie et vent glacial 




Je redescends en courant au collado Urbia 





où je mange (à 15 h) sous une pluie fine : le choix est délicat, lyo pâtes bœuf paprika ou nouilles chinoises ?



Finalement, ce sera nouilles chinoises, une pâte de fruits et un peu de pâte d’amande 



Idée étrange malgré le mauvais temps, j'ai envie de grimper sur le petit pic indiqué au Nord-Est (Aizparaz). Après une petite montée, je trouve cet abri rempli de crottes de moutons, appuyé contre de belles parois où je n'essaie même pas de grimper tellement c'est glissant



Je contourne ces parois comme je peux sans sentier du côté Ouest et je me retrouve sur la face Nord sur des pentes raides au beau milieu de fougères aussi hautes que moi.  Où est le sommet ? D'après la carte, 100 m plus haut donc allons-y. Le principe est simple : j'écarte d'abord les fougères avec mes mains, je regarde ensuite à leurs pieds où je mets les miens car il y a plein de cailloux bien glissants et je monte d'un mètre. Je mets un temps fou pour arriver au sommet où je ne vois strictement rien et où il n'y a même pas un cairn. Encore une idée à la con.
A la descente versant Nord-Est, j'en ai marre et je me mets à courir au milieu de fougères moins hautes et me gamelle au moins 3 fois. J'atteins enfin une piste au col Loiarako Lepoa. Inspection des jambes : une tique à la jambe droite qui essaie de rentrer dans la peau. Ejection immédiate avec le tire-tique. Cela arrivera 3 autres fois pendant les 8 jours.
Ras le bol de cette non-visibilité, je prends la piste direction  Urdax/Urdazubi 



Urdax est un charmant village espagnol où je ne rencontre personne





Je monte ensuite par une route cimentée à Telleria au Nord-Est 




Je traverse une route importante (N121) puis prends immédiatement à droite une route qui deviendra une longue piste à partir de Bordaxuri 



En passant cette ferme, un énorme chien fait un énorme bond vers moi à mon passage. Je suis surpris et lève par réflexe mes bâtons  vers lui lorsque une chaîne stoppe le molosse net dans son élan. Ouf, j’ai failli avoir une crise cardiaque. Deux secondes après arrive un autre chien, non attaché cette fois, qui semble rouspéter le molosse de son mauvais accueil. Je m’éclipse vite fait sur la pointe des pieds



La piste laisse ensuite la place à un gros sentier à partir de Barrenekeko Borda 



C’est ensuite un tout petit sentier bien boueux ( les pistes indiquées sur le Topo Espagne ne le sont pas toujours…) jusqu'à un croisement où je tourne à gauche (Larraldéa) en me fiant à la boussole. Mon but est d'arriver au col de Gorospil mais je me perds complètement. Après pas mal d’interrogations et de passages très boueux dans la forêt puis en dévers le long d’une clôture, mon alti m'indique enfin la bonne altitude : 650 m.
Problème : rien de coïncide avec la carte. Pas de croisement de pistes.
Je ne sais pas du tout où je suis. Ca ressemble à un col mais ce n’est pas celui de Gorospil 




(Après coup, je pense que j’étais à un col au Nord-Est du pic Lizartzu).
Je lis trop vite la boussole et commence à marcher plus vite car j’en ai plein les baskets. Je ne m’aperçois pas que je file trop au Nord, descend ensuite trop bas et je me retrouve devant une bâtisse qui n’est pas la ferme Esteben comme je l’espère (ce sera en fait Jauriko Borda que je n'ai pas sur mon bout de carte photocopiée, celui-ci ne couvrant pas cette zone). J'ai l'intuition de devoir retourner vers l’Est mais cette direction est encombrée d'immenses fougères, ENCORE ! Rebelote, bataille contre ces monstroplantes aussi hautes que moi sous la pluie, je suis architrempé, il est 20 h, j'ai un peu le moral dans les chaussettes. Ce matin, j'espérais dormir au col de Méhatché mais j'ai maintenant simplement l'ambition de trouver 3 m² plats pour pouvoir poser ma tente et enfin me glisser dans mon sac de couchage. Après une heure de lutte, je tombe subitement sur un sentier que je prends vers la droite et qui me permet de monter sur une petite crête au Sud et de changer enfin de versant. Et là, tout est enfin clair, ou presque, car je pense reconnaître l’Artzamendi à l’Est. Je ne vois pas l’antenne mais j’en suis presque sûr



Je file en courant à l’habitation que j’aperçois plus bas en espérant que c’est la ferme Esteben : bingo. Enfin !!!!



Je me retrouve du coup sur le GR10. 
Je me pose 10 minutes plus tard sur le peu de plat que je trouve au col des Veaux. Il est 21 h 30, il pleut toujours et il me faut beaucoup de maîtrise pour me changer dans la tente sans pourrir mon sac de couchage et mes affaires sèches



Je mange une soupe forestière aux bolets bouillante et un lyo qui me réchauffent instantanément.
Je suis crevé mais au moins je n’ai pas eu de problème de soif aujourd’hui ... Je mets pourtant du temps à m'endormir. Pas assez d'énergie pour trouver le sommeil...
Je n'ai vu qu'un seul randonneur aujourd'hui, ce matin sur l'Ibantelli. 
Demain, ce sera mieux, j’en croiserai six….



J3 : mardi 12 juillet 2016
Distance : 22 km              D+ : 1540 m        D- : 1270 m

J'ai l'ambition aujourd'hui de parcourir les crêtes d'Iparla mais, vu la météo ce matin (la même qu'hier), je suis pessimiste. Il fait bien gris, le plafond est très bas mais au moins, il ne pleut pas. Je peux ranger mon sac comme je le veux sans me presser.
La tente est trempée, je la ferai sécher si le temps s'améliore en cours de journée.
Je la mets dans une des deux poches latérales en mesh du sac à dos, en compagnie de la feuille de polycree qui me sert de tapis de sol. J’enveloppe ensuite le sac dans le sursac à dos.
Je décolle à 8h30 et grimpe sans voir grand-chose en compagnie d’un troupeau de vaches, d’abord sur un sentier puis sur la route en direction du col de Méhatché, que je ne distingue même pas alors qu’il est à seulement 150 m de D+  :



Au col, il n’y a aucune visibilité, je prends la pluie dans les yeux avec un furieux vent venant du Nord-Est qui me glace en un instant. Inutile de monter sur l’Artzamendi…



Un peu décomposé, je ne regarde même pas la carte et me trompe en partant de suite à droite sur un sentier où je ne vois aucune trace rouge et blanche. Je regarde la boussole : forcément, je vais vers le Sud alors que le GR file à l'Est. Je rebrousse chemin, je retrouve le GR qui est pourtant ultra évident.
Le début de la descente n’est pas folichonne, même l’APN prend l’eau :



Au col du diable d’Artzatey (altitude : 666 m), mon alti à 30 € n’a que 3 mètres d’écart :



Je descends encore et enfin cela se découvre un peu.
Regard en arrière sur le  col de Méhatché



Je comprends mieux pourquoi c’est si vert dans les Pyrénées-Aquati… pardon Atlantiques :



Mais quand ça se dégage, ce coin est d’une beauté incroyable !
Je suis les bornes frontières puis file vers la bergerie Zelhaïburu où je rencontre 2 randonneuses aussi désabusées que moi. On ne se parle même pas mais on se comprend aux sourires échangés.




 Je vais voir à l'intérieur de la bergerie où une envie subite de m'allonger dans la paille sèche me prend




Non, pas le temps. Je m’oriente vers la descente et je découvre des paysages insensés, d’une beauté , d’un pentu incroyables. Et quelle verdure !



J'entame la très sympathique descente devant les merveilleuses pentes du pic Itsusi. Je suis émerveillé !
En un instant, toutes les petites galères précédentes sont oubliées. Cette descente est un pur bonheur, je retrouve le sourire malgré la pluie, et je ne sens plus le vent sur ce versant.
Ca glisse un peu, faut faire gaffe sur quelques rochers 



Le sentier passe en balcon 




Pardon mesdames



Une petite prière au passage 



J'arrive à la grotte du Saint-qui-sue (harpékosaïndoa) : je suis loin d'être un saint et de suer aujourd'hui !!




 (je viens de voir qu’il y a un retardateur sur l’APN, arff la technologie et moi…)

 Je descends le bout de route jusqu'au pont sur le Bastan et enfin, la pluie s'arrête.
 J'étale mes affaires sur le muret pour les faire sécher, je prends de l'eau dans le gave et je me restaure un peu



A chaque (courte) pause, j’enlève le t-shirt et j’enfile la polaire sèche et bien chaude.
En dynamique par ce temps, je suis toujours avec mon (seul) T-shirt et ma veste imperrespi légère  (240 g).

Que faire maintenant ? Les crêtes d'Iparla avec un plafond si bas, inutile, je n'y verrai rien... 
Après 15 minutes de repos, je décide quand même d'y monter. Je décide bêtement de couper au plus court en grimpant directement dans la pente à l'Est quelques hectomètres après le pont. Grosse connerie : je me retrouve sur les ruines d'une bergerie (Agorretako Borda) empêtrées dans d'immenses ronces mélangées à des fougères. Oh non !!!!! 
Je ne vois pas où je mets les pieds et je sens à chaque pas 3 ou 4 épines me transpercer la peau. Je mets un bon moment à me dépêtrer de ce chantier et à arriver sur la clairière indiquée sur la carte plus au Sud. Je sors de cette propriété privée très vite, ayant les jetons qu'un chien ne déboule à ma rencontre.
J'arrive enfin sur le petit bout de route convoitée qui me mène très vite au hameau d' Iturxilenea.



Pour la cartographie, je suis parti avec 14 feuilles A4 photocopiée recto-verso.
Pour cela, je trace mon trajet sur la carte à l’échelle 1/25000 sur Openrunner, fais une capture d’écran, finalise avec Paint en traçant un rectangle dont les sommets opposés sont deux points de mon trajet. Le problème est que si je dévie de mon tracé pour une quelconque raison, je peux me retrouver hors carte et … je ne sais plus où je suis. C’est plus léger que de porter des cartes mais c’est un gros inconvénient dont je vais réfléchir à l’avenir.
J'inspecte cette fois attentivement la carte : 2 sentiers partent de ce hameau vers le Sud pour grimper dans la forêt vers les crêtes d'Iparla. Sur le terrain, que nenni ! Impossible d'en trouver un seul ! Je dois être miro, pas possible autrement. Je passe une clôture pour aller dans un champ bien pentue (point 247) pour espérer trouver le 2ème sentier, et… je le trouve enfin : un très vieux sentier non entretenu encombré d'arbres couchés et de feuilles bien glissantes, cool...
Finalement, cela ne se passe pas trop mal tant que je reste dans la forêt, mais à peine arrivé en amont à la lisière, le sentier m'abandonne dans un champ immense de fougères. Et merde ! Et c'est reparti ! Et v'là que la pluie se remet à tomber en plus …




Regard en arrière, perdu dans mon océan de fougères 



Je m'agace un peu et grimpe avec énergie dans ces fougères aussi hautes que moi pour atteindre quelques arbres esseulés où je trouve un peu d'herbe au pied de leur tronc. Je vois un peu plus haut une discontinuité dans cette immense champ de fougères et je m'y hisse : oui, c’est le sentier indiqué sur la carte. Son balisage est jaune



Je le prends vers le Sud-Ouest et il m'amène rapidement au col de Lacho au-dessus de la grange de Larantonaldeko



Cela monte ensuite très raide vers le Sud-Est et j'atteins une ruine




D'après le carte, le GR10 n'est pas très loin à gauche. Je grimpe la boussole à la main




pour enfin atteindre les fameuses marques rouges et blanches que je suis maintenant facilement



Fini les fougères, l'herbe est bien rase, cela me soulage. Je suis dégoulinant de partout et j'ai faim (il est 14 h 30). Je croise brusquement 4 randonneurs frigorifiés et je n'ose même pas leur demander si on n'y voit quelque chose là-haut, vu leurs dégaines et leurs envies de redescendre à toute vitesse.
Plus je m'entête à monter, plus le vent forcit, et je dois enlever lunettes et bob à 900 mètres environ pour ne pas qu'ils s'envolent.
Soudain, je vois un brin de ciel bleu apparaître très furtivement. Je grimpe 50 m encore et miracle, les nuages se mettent à bouger à une allure folle et se désagrègent peu à peu




Les nuages bas restent bloqués le long des crêtes 



Plus je m’approche du pic d’Iparla, plus l’espoir grandit d’y voir enfin quelque chose !





Et là, le spectacle apparaît !





Je ne suis pas monté pour rien ! Tout est beau : le pentu, le vert, les vallons basques et les maisons isolées :



Je vois même en arrière l'Artzamendi qui m'a snobé ce matin



Je suis époustouflé tout le long du repas que je prends contre le poteau cimenté du pic en contemplant ce qui m’attend pour le reste de l’après-midi. Bon, y a bien un peu de vent mais quelle chance quand même !



Des rapaces ne cessent de me survoler. Non, non, je ne suis pas encore une charogne.
Je parcours ensuite avec joie et solitude toutes ces magnifiques crêtes. Regard en arrière depuis le pic de Toutoulia 



Je descends au col d’Harrietako 



Puis remonte sur l’Astate :



Puis le Buztanzelhai 



Jolie crête menant au col d’Ispéguy que je suivrai après 



Je descends au col de Buztanzelhai et je quitte le GR10 qui file à Saint-Etienne-de-Baïgorri pour monter sur l’Aintziaga espionner quelques vautours 



le Buztanzelhai depuis l’Aintziaga 



Que c’est beau ce vert !



Le col d'Ispéguy au fond, alors que l’Hautza est bouché. On voit tout à gauche à l’avant  dernier plan le col  Nekaitzeko où j’irai dormir



Je retrouve étrangement des marques rouges et blanches au col d’Aintziaga, sans doute une variante du GR10



Je longe la ligne de crête par le versant Nord pour arriver au col d’Ispéguy où je me ravitaille en eau dans les toilettes de la venta




Je ne me sens pas fatigué aujourd’hui malgré la longue journée, je sens que la forme revient.
Et puis, le poids de mon sac diminue d’environ 800 g ( de nourriture ) par jour. Avec le poubelle jetée à Ispéguy, je pense qu’il est plus léger de 2,5 kg par rapport à Hendaye et pèse maintenant aux alentours de 9,5 kg avec 1 litre d’eau.
Je crains 2 choses en rando : le froid (relatif à cette période) et le poids. Quand je croise un hrpiste qui traîne 20 ou 22 kg sur ses épaules…

Je marche encore 40 minutes jusqu'au col de Nekaitzeko Lepoa, où je plante enfin ma tente après une journée bien remplie. J’ai même droit à un peu de soleil qui me sèche mes affaires



Il fait beau ce soir, peu de vent, le bivouac est un bonheur.
Je n'ai croisé que 6 personnes aujourd'hui (hormis à la venta d'Ispéguy), je n'ai parlé à personne mais j'ai finalement passé une merveilleuse journée.




J4 : mercredi 13 juillet 2016
Distance : 31 km              D+ : 1420 m        D- : 1210 m

J'ai passé une très bonne nuit et je suis réveillé par les cloches des moutons qui paissent sur les pentes du petit sommet au Nord. La météo ne se décide pas pour l’instant, c’est nuageux sans être inquiétant.
Je voulais continuer ce matin les crêtes vers le Sud-Ouest jusqu'au col de Berdaritz pour descendre ensuite rapido aux Aldudes et retrouver la hrp mais les sommets convoités (Hautza, Antsola, Ichtauz, Abrakou, Urrixka) sont complètement bouchés. Bof, bof. J'ai bien l'impression que je n'aurai pas la même chance qu'hier après-midi pour la vue. Et puis j’ai l’idée de dormir ce soir au col d’Arnostéguy à 33 km de là ! Donc je décide sagement de suivre la route qui descend vers le Sud-Est depuis le col d'Elhorrieta, elle doit sans doute m'amener aux Aldudes mais elle est en-dehors de mon bout de carte et je n'en suis pas sûr.
Au col d’Elhorriéta, regard en arrière où j’ai dormi, au-dessus des 3 arbres 





Il reste des traces d’humidité des 2 jours précédents 



La borne frontière 102 




Je profite depuis la route de quelques rayons du soleil (ce seront les seuls pour aujourd’hui, grrr…) qui éclairent la vallée des Aldudes 



Puis ça se  couvre vraiment 


Regard en arrière avec le col d’Elhorriéta au fond 



L’enduit blanc des maisons est bien différent de l’ocre de nos maisons de l’autre côté des Pyrénées. La belle maison Ithurrialdegaraia 



et son âne 



Eh oui, aujourd’hui sera plus une journée tourisme que rando. Ça a son charme mais je me demande s’il n’y a pas plus joli pour la hrp que de passer par le col du Lindux.
Après une bonne heure et demie de marche sur le macadam et de tergiversations à chaque croisement, j'arrive à proximité de … Banca, au pont proche de Bihurriéta. Zut !
Une gentille dame m'indique que je peux rejoindre l'Otsamunho par son flanc Nord-Est.
OK, c’est plus du tout sur ma carte mais je vous crois avec plaisir (bon, y a aussi la route tout du long jusqu’au Lindux, mais gros bof)
Je remonte d'abord une petite route qui croise immédiatement une prise d’eau et un toboggan plus rapide que ceux d’ Aquabrava !




Comment font-ils pour tondre des champs en pente comme ça ?



La tondeuse DentsdeMoutons sans doute …
Je me divertis comme je peux sur cette route lassante en admirant cette jolie bâtisse



Puis en pensant au délicieux goût du fromage de brebis ! (que j'aurai la chance de  déguster dans la cavité Harpéa  et surtout aux cabanes d’Ansabère) 



Et enfin en foutant les jetons aux cochons, c’est nul mais on se détend comme on peut




La route devient piste jusqu'à une baraque (Mutikoenea)



puis sentier balisé en jaune. J'arrive enfin sur les hauteurs pour arriver à nouveau sur une petite route qui m'amène à la ferme Otsaitza
Le temps se fait de plus en plus gris et il se met à pleuvoir



Je grimpe rapido sur l'Otsamunho et le temps se gâte encore plus au sommet : je ne vois plus rien sauf le troupeau de moutons qui m'observe en rang serré




Je mange une barre de céréales et une grosse poignée de mélange multicahouètes sous une palombière 



Puis je redescends au col de Mizpira où il fait nettement plus clair. Je remonte illico-presto sur l'Errola.
Regard en arrière sur l’Otsamunho



La vue se dégage ponctuellement



Arrivée au col Meharoztegi, où je retrouve la route 



Ensuite, le cheminement est classique : col de Teïlary ou de Nahala, col d'Hauzay où je prends enfin mon repas à 14 h 30



Cool, il y a à cet endroit 4 robinets d’une eau bienvenue ce moment-là.
Je repars en passant par la forêt (rocher d’Hortzorrotz)



pour aller sur le petit pic Urtaray où la vue est enfin dégagée : belles vues de chaque côté sur les vallons





La redoute du Lindux est en face 



Je file sur la redoute au prix d'une courte mais raide montée que je grimpe sur un bon ryhtme. Cool, pas d’acide lactique dans les guiboles, ça va mieux qu’aux premiers jours.
Je n’y trouve pas d’assaillants espagnols mais une armée de moutons aux culs bleus, pourquoi pas ?



Bye, bye la France 



Bienvenido España




Malheureusement, tout le reste de la journée ne sera que grisaille et je me coltine encore une route soporifique.
Il faut en faire des efforts pour tirer le pigeon ramier 



J’arrive enfin au port d'Ibanéta. Je l'ai vu tellement de fois sur le net que je ne ressens rien du tout en y arrivant, cela me paraît tout petit et puis le temps est frisquet et tristounet




Il manque pas une épée ou un machin avec une boule sur le monument dédié à Roland ?
Ne me dites pas que quelqu’un a volé ça…



Je dois remonter le chemin de Compostelle à partir d’ici 



La collégiale de Roncevaux



Je ne croiserai que 5 pèlerins frigorifiés : 3 coréens du sud exténués, un hongrois qui me dit que ça caille fort là-haut (je m'en doute un peu...) et un français qui a un sac à dos sur le dos et un sur le ventre (?).
Je commence à sentir le vent glacial au col Lepoéder que je distingue à peine dans la purée de pois



A peine le col passé, l’intensité du vent est décuplé. Hein, comment peut-il y avoir autant de vent et autant de brouillard en même temps ?
Ce manque de visibilité commence à devenir un peu pesant. Quel dommage de traverser une si belle région sans pouvoir profiter de ses paysages. Heureusement, les 4 prochains jours seront d'une toute autre facture.
La piste redescend un peu jusqu'au col 1318  et c'est au moment où je m'interroge où je vais pouvoir placer ma tente à l'abri du vent que je tombe sur la cabane d'Izandorre



un bât-flanc pour deux personnes en ciment: parfait pour cette nuit qui s'annonce très fraîche et surtout extrêmement venté : l’éolienne accroché au mur tourne à une vitesse dingue



Il est 19 h,  c’est la première fois que je m'arrête si tôt de marcher. Bon, ça fait quand même une journée à 11 h de marche.
J'ai étalé mes affaires partout quand arrivent 2 nanas frigorifiées. Je les invite à se réchauffer à l'intérieur mais visiblement la cabane est trop rustique pour elles et elles filent à l'albergue de Roncevaux. Tant pis !
Vient ensuite un américain, Neil, très sympa, qui marche depuis le Puy : wahoo. Il est très intéressé par le poids léger de mon sac. On discute un bon moment et il file aussi.
 Arrive enfin ¼ h plus tard Alban, la trentaine passée : il me dit qu'il ne veut pas me déranger, qu'il va dormir par terre, etc... Je lui fait évidemment de la place et là, la discussion s'emballe : il marche depuis 2 ans et demi !!!!!
Il est natif de Lourdes, et a eu envie d’aller à Jérusalem à pied via l'Italie, la Grèce, Chypre, l'Egypte, le désert du Sinaï, puis retour par la Syrie, la Turquie, la Croatie, etc. Il ne sait pas s'il va s'arrêter à Compostelle ou s'il va filer en Amérique du Sud pour marcher jusqu'au Pérou !!!!!
Je bois ses paroles, il me raconte mille anecdotes : extrêmement assoiffé dans le désert, il sera secouru par des bédouins, il aura la trouille en Syrie, etc
Je passe une super soirée à l'écouter jusqu'à 22h30 puis on s'endort, lui sans manger quoi que ce soit sous sa toile de tarp comme unique couverture alors qu'il caille bien fort sur le merveilleux matelas en … ciment.


J5 : jeudi 14 juillet 2016
Distance : 27 km              D+ : 1450 m        D- : 1780 m

On se reveille à 8 h. Je pense qu’Alban n’a pas dû avoir très chaud cette nuit car j’ai de mon côté bien supporté mes 450 g de plume et surtout mon matelas Thermarest autogonflant sur le ciment bien glagla. Il n’a rien à manger mais il ne refusera pas cette fois ma mixture petit-déjeuner à 650 kcal : 100 g de muesli, 40 g de lait en poudre et 30 g de chocolat en poudre. Ca réchauffe !!!
Bon, ça me fera un petit-déj en moins mais pas grave pour le dernier matin, 2 barres de céréales suffiront.
Je le vois se régaler et je lui donne une pâte de fruit, de la pâte d'amandes et 2 barres de céréales pour la route. Peu de temps après, 2 hrpistes, Julien et ... Nicolas ? (flûte, je n'ai pas retenu le prénom, et pourtant je vais le côtoyer toute une soirée à Ansabère, désolé l’ami si tu me lis), entrent dans la cabane et on se met à discuter montagne. Je souhaite bon vent à Alban et je pars avec 2 nouveaux partenaires pour marcher un bout ensemble dans la grisaille et le brouillard.



Marcher à trois invitent à la discussion, le temps passe plus vite et pourtant j’y trouve un manque : mes sens ne sont plus autant en action, je ne suis plus à l’affût du chemin à prendre, du bruit de la nature, du ressenti des éléments. Drôle de sensation après 4 jours seul, dans le mauvais temps le plus souvent. Comme disait Russell : C’est un bonheur d’être deux, c’est une leçon d’être seul.

On n'y voit rien sur la piste nous menant au col de Bentarté. On tourne à droite un peu avant d’y descendre et on arrive vite au col d'Arnostéguy et sa borne 205





et là, j'enrage un peu de ne pouvoir profiter de la Tour d'Urculu car on n’y voit rien du tout.
J'abandonne alors mes 2 compagnons de marche pour grimper à la Tour malgré le brouillard.
La Tour est bien là




C'est au milieu de la Tour que j'envisageais de bivouaquer la nuit dernière en cas de beau temps



Pas envie de faire marche arrière, je décide de descendre par le Nord-Est, sans rien y voir 



mais je dévie un peu trop sur la droite et tombe assez vite sur un fil barbelé que je traverse et c'est à nouveau la galère : forêt aux branches basses



puis herbes hautes qui me trempent jusqu'aux genoux, et puis pour finir fougères et orties mélangés



C’est pas possible, à croire que j’aime m’embourber. J’adore le hors-sentier mais les orties, pas trop...
J'arrive difficilement à m'extirper du piège et j'arrive pile-poil en vue du col d'Orgambidé



où je retrouve Julien et Nicolas (?) qui ont fait le tour de la Tour par le Sud. On se serait donné rendez-vous à une heure précise, on n’aurait pas fait mieux !




On se quitte à nouveau car je n’ai aucune envie de marcher sur la route.
La vue s'est enfin dégagée, il commence à faire presque chaud et c'est un plaisir de grimper par la crête herbeuse sur l'Aezkoako Mendiak et l'Ozpiloko Oihezkia.
Qui vois-je en arrière : le Tour d’Urculu…..



A ma gauche, une tornade se forme du côté d’Estérençuby



Devant moi, le col d’Errozaté que je rejoindrai toute à l’heure


Ce vert est de toute beauté et c’est tant mieux pour la très grande quantité de troupeau de moutons, chevaux, vaches que j’ai rencontré sans berger ou éleveur autour, ni patous !




Je découvre enfin en vrai Harpéa que j'ai vu mille fois auparavant via internet.



J'y descends au Nord-Est à travers des herbages pas évidents où mes chevilles partent dans tous les sens.



J'arrive à la borne 218 où je refais le plein d'eau



puis je vais prendre un encas dans la grotte.




Arrive un très sympathique couple de dacquois avec leur fils de 8 ans qui m'offre pain frais et fromage de brebis acheté à la bergerie, que du bonheur ! Je ne sais comment les remercier. On discute un bon ¼ d'heure puis je grimpe, en prenant immédiatement à gauche à la sortie de la grotte, une pente herbeuse bien raide qui me fait gagner très rapidement du dénivelé au dessus de la grotte.




Ces herbes doivent être un repaire idéal pour les serpents. Je suis prudent. Je ne croiserai qu’une vipère, le 1er jour, en redescendant de la Rhune.



C’est beau ce que la nature est capable de faire



J'arrive sur la crête. Les montées deviennent une formalité pour les cuisses, c’est cool. Je prends bien plus de plaisir à monter qu’à descendre d’ailleurs.
Je vois le col d'Errozaté tout proche



La borne 220



C’est cool de pouvoir traverser deci-delà la frontière, ce qui n’était pas le cas pour Véron lors de ses premières traversées sous Franco.
Au col, le temps est toujours au gris mais il va heureusement s’améliorer au fil des heures.
Je pensais y retrouver peut-être les 2 hrpistes mais ils ne sont pas là. Tant pis !
Vue sur Okabé et le col d’Oraaté à l’Est où je serai tout à l’heure



Je suis la route vers le Nord où je fais de belles rencontres



Tiens, Starsky et Hutch



J'atteins rapidement le sommet d'Errozaté, où il commence à bien venter.



Je découvre de très beaux paysages des plaines basques au Nord.
Je redescends sur la route que je suis 10 minutes puis je monte sur le petit sommet d'Arranohegi.



Je redescends ensuite la sympathique crête d'Exatebizkarra






Arff, ce vert, pour un fan de l’ASSE




J’arrive aux cabanes d'Artxilondo où je refais le plein d’eau et je prends mon repas de midi à … 16 h cette fois !


Je vois sur la carte que les cromlechs d'Okabé ne sont pas loin, j'y grimpe direct dans la pente en face
Regard en arrière sur la petit crête d'Exatebizkarra



Je commence à avoir chaud. Je ralentis un peu



et arrive tranquillement sur le site des cromlechs vers 18 h, que j’oublie de photographier.
Je me retrouve sur le GR10



Et le sommet d’Okabé n’est pas loin



Je monte sur le surprenant monticule.




Le pic d'Orhy est dans les nuages.
J’arrive à peu près à distinguer le chalet Pédro à l’Est



Je pars vers le Sud mais un petit problème s'est aggravé au fur et à mesure de la journée : après tous ces jours pluvieux, une vilaine ampoule au talon du pied droit s’est formée et m'inflige à chaque pas descendant une méchante douleur.
Je descends la petite pente jusqu'au col d'Oraaté en chaussette !



Vu l'état de la chaussette en arrivant, je remets ma chaussure droite malgré le mal. Il est tard et je commence à être crevé.



Je dormirai bien là mais je prévois de dormir demain soir à Bélagua et cela fera beaucoup de km donc je descends 400 m de dénivelé par la route pour dormir quelque part le long du ruisseau Erreka.
Arrivé en bas, je ne trouve rien de plat.



Je ne sais pas trop quoi faire car je suis en bout de carte (je pensai passer plus au Sud à l’origine) et je ne sais pas où amène la route vers le Nord. Je décide quand même de la prendre et pendant 2 km, je cherche un spot plat. Celui-ci arrive enfin au près d'une passerelle en bois



mais avant de sortir la tente, je vais voir par curiosité la cabane en bois (chalet forestier de Soule) aperçue de la route quelques dizaines de mètres au-dessus. Impeccable !



Elle est ouverte, et il y a un lit avec un matelas !!




Hop, je mange en 15 minutes et je suis couché à 21 h 30. J'ai un peu de mal à m'endormir car j’ai des démangeaisons de toutes sortes sur les jambes. Etre en short, c’est bien, mais à force de piqûres et de griffures, la peau se rebelle un peu.
J'arrive enfin à trouver le sommeil vers 22h 15 quand 2 voix et des aboiements me réveillent ¼ h plus tard : un couple d'agenais et leurs deux chiens viennent dormir dans ce trou perdu ! Heureusement, il y a d’autres chambres.
Je ne peux leur tenir compagnie car mes yeux se ferment tous seuls mais j'aurai l'occasion de discuter avec eux avant de partir le lendemain matin.




J6 : vendredi 15 juillet 2016
Distance : 29 km              D+ : 2200 m        D- : 1790 m

Je me réveille à 7 h 15. J’ai été réveillé plusieurs fois pendant la nuit par le ballet des 2 chiens avec leurs griffes sur le parquet. Ce n’est pas bien grave, j’ai quand même bien récupéré.
La nuit a été fraîche d’après les agenais : 8°C. Le couple est très sympa et découvre ce coin, tout comme moi. Je leur propose comme balade le pic d’Orhy en se garant au port de Larrau et leur dit qu’on se verra peut être au sommet.
Prêt à 8 h, je grimpe vers l'Est sur des pistes



puis des sentiers en suivant à la boussole à peu près l'azimut, mon bout de carte ne commençant qu’au col Sensibilé. Je vise donc le pic d’Orhy ce matin en partant de 1000 m d’altitude, ce qui me fera un dénivelé de 1000 m, pas mal comme mise en jambes.
Je n’arrête pas de remonter mon short qui a un élastique mais pas de nœud : aurais-je perdu quelques kg depuis 5 jours ? (la balance dira que j’en ai perdu 2 après les 8 jours).

Après 500 m de D+, j'arrive sur le petit sommet de Sardeka



Regard au Nord avec le chalet Pédro



Et en arrière avec le col d’Oraaté et la route



Vers l’Est, je vois de magnifiques crêtes au fond, peut être le secteur Anie. Un petit bout de sommet émerge au-dessus du petit pic Pelluségagne : serait-ce enfin l’Orhy, le premier 2000 m depuis l’Atlantique ?
                                       

Le temps est magnifique !! Ca y est, enfin !!!! Je vais m’en mettre plein les mirettes.
Mais, à peine ai-je dépassé le bout de mon nez du sommet du Pelluségagne, que je prends pleine poire un vent énorme venant du Nord-Est. Mes lunettes voltigent, je cours après avec énergie pour les rattraper immédiatement, car j’en ai déjà perdu comme ça au Canigou. Les montures en titane, c’est bien mais c’est léger. Les lunettes finissent dans la poche du short.


Le vent soufflera très fort toute la matinée mais cela n’enlèvera à ma joie de retrouver le soleil !
Apparaît enfin le majestueux pic d'Orhy !!



C’est un très beau sommet, le pentu vert est remarquable.
Mes yeux pétillent malgré le vent (et la myopie ) : enfin du visuel ! Et quel visuel !



Je bifurque à droite pour grimper et redescendre la crête de Milligaté jusqu'au col de Tharta.




La petite crête du Bizkarzé au Sud



Les palombières de Milligaté




 Au col de Tharta commence la montée au Pic d'Orhy, et quelle montée !
Pas un répit à gauche ou à droite, c'est tout droit dans la pente et en avant guingamp !



Très peu de monde dans cette montée. Le vent a dû en décourager certains.
Regard en arrière sur le Bizkarzé



J’arrive aux abords de la crête du Zazpigain



que j‘évite par le côté français : je ne suis pas doué en escalade et il y a un vent de folie



Le reste à monter 



Je vois un randonneur monter super vite avec son camelbak et fondre vers moi
Diantre, j’arriverai avant lui au sommet !  me dis-je. J’allure bien la cadence et il s’en rend compte.
Il accélère encore lui aussi et on arrive ensemble au sommet : on se marre ensemble de notre connerie!
On discute deux minutes et il repart en courant.
La vue est sympathique avec ces petits nuages portés par le vent




Vue au Sud vers l’Espagne



Je descends sur l' Orhy Chipia
Vue sur l’Orhy



 et vers le col de Larrau



Les personnes que je vois au col de Larrau seront les dernières de la journée : je ne croiserai ou rattraperai personne jusqu’à Bélagua.
Je suis ensuite les palombières à l'Est : Axurterrigagna



l'Otsogorrixipia et le Chardekagagna ont la tête dans les nuages tout au fond. Bigre, je ne suis pas arrivé…



Le col de Betzula



Ensuite, c’est donc le Betzüla, puis le Gaztarrigagana



et l'Otsogorrixipia, où je mange à 15 h un succulent lyo poulet-semoule.
C’est incroyable comme ces trucs sont immangeables à la maison et délicieux quand on est affamé et esseulé sur une crête venteuse
C’est très joli avec cette tempête de ciel bleu




Le grand frère, le Gagna, reste le nez dans le brouillard



Pas grave, je vais jusqu’au bout maintenant que j’y suis




Je vois que ça passe par l’Est mais je redescends tranquillement en suivant le crête Nord-Ouest pour ménager mon ampoule qui me fatigue



jusqu'à un petit passage facile qui me permet de reprendre mon chemin vers l'Est



et d'atteindre le col d'Uthürurdineta. La crête Chardekagagna me donne bien envie mais il est tard et il reste du chemin jusque Bélagua. Je reviendrai bien un jour pour la suivre jusqu’au Lakhoura.



Apparemment ça avait l’air de passer plein Nord à partir du sommet de l’ Otsogorrigagna jusqu’au col



Je suis la hrp à flanc jusqu'aux bornes 249 et 250




l’ Otsogorrigagna est plus joli vu de l’Est



 J’évite le sommet du Lakartxela par le Nord en suivant l’illogique frontière qui ne suit pas la crête



Je remonte 100 m de D+ le long d'une clôture



puis entame la longue descente jusqu'à Bélagua en marchant en crabe avec cette fichue ampoule.
Faut quand même être crétin pour ne pas avoir pensé à emmener ne serait-ce qu’un malheureux Compeed.



Bon, la descente se fait quand même bien avec de tels paysages, que je découvre sans savoir qui est quoi : je vois des pic d’Anie partout !



Regard en arrière sur le col passé



Du côté du pic Sacro.
Les 2 barres au milieu de la photo me font penser à Raider, la barre chocolatée. Je dois avoir bien faim à ce moment-là…



Je refais le plein à un ruisseau 



L’ombre est grande, il est 21 h, il est grand temps d’arriver



Plus tard, je traverse la Nationale et arrive enfin au refuge abandonné  où je cherche immédiatement une place abritée du vent où planter la tente.



A ce moment, un randonneur espagnol m'invite à rentrer dans une aile du refuge (partie hiver?)



où je découvre une grande salle avec une multitude de couchettes et un poêle à bois. Le grand luxe !
OK pour une nuit réparatrice et confortable à l'abri du vent furieux. Je discute toute la soirée avec Santi, 35 ans, instituteur à quelques km de Madrid, amoureux des Pyrénées et passionné de sports de montagne en tous genres, qu'il peut pratiquer dans le massif (sierra de Guadarrama?) à quelques encablures de la capitale espagnole. Il est très ouvert sur tous les sujets et maîtrise l'anglais et le catalan, contrairement à moi où je baragouine maladroitement des morceaux de phrases mélangeant espagnol, anglais et français : une catastrophe !! La fatigue n’arrange pas les choses mais Santi est très patient et le courant passe très vite entre deux amoureux des Pyrénées. Un type extra que je vais côtoyer plusieurs fois les 2 jours suivants. Et en plus, lui a des Compeed et il m’en donne un : soulagement immédiat !
Santi, si tu me lis, saches que j'espère de tout cœur que tu réussiras ta traversée et surtout qu'on puisse se voir au sommet du Canigou quand tu y arriveras à la mi-août.
Je m’affale sur un matelas vers 23 h 30 et m’endors instantanément.




J7 : samedi 16 juillet 2016
Distance : 22 km              D+ : 1460 m        D- : 1280 m

J'ai passé une très bonne nuit et me réveille à 7h30. Santi se réveille peu après et on se remet à discuter en prenant le petit déj. Il rigole quand je lui montre certains de mes objets MUL (brosse à dents, couteau …). Je devine qu'il cherche aussi un peu à l'être avec sa tente légère Tarptent et d'autres objets qui ont allégé son sac à dos qui doit peser aux alentours des 14 kg.
La météo est de très bonne facture, c'est à nouveau une tempête de ciel bleu, sans une once de vent. Il fera même très (trop!!) chaud sur les hauteurs.
Un coup d’œil sur la belle crête Keleta-Kartxela. A faire lors d’un autre séjour en Haute-Soule/ Roncal.



Je démarre à 8h40 en suivant scrupuleusement les traces du GR, car j'ai déjà lu des topos où certains partaient du refuge trop tôt vers la forêt à l'Est, s'y perdaient et mettaient un temps fou, beaucoup d'énergie et de nervosité pour s'en extirper ensuite.
Il suffit en fait de partir un peu vers le Nord vers la petit muraille que l'on longe ensuite vers l'Est.



Le sentier zigzague sans cesse dans la forêt, où il ne semble n'y avoir qu'un seul passage possible tant celle-ci est dense. Ne surtout pas tester le hors-sentier et se perdre ce matin !!!
Le sentier est … tout droit, attention aux orties



A droite, c’est dense…



et à gauche, c’est touffu…



Après un bon moment dans la forêt, le paysage s’éclaircit et le sentier évite intelligemment toutes les difficultés du terrain et devient très agréable en passant par des clairières herbeuses et rocheuses très pittoresques.




Marcher dans ce décor et avec ce temps est un pur bonheur





Mais comment font les arbres pour pousser sur de la roche ?



Les moutons semblent apprécier l’ombre de cette petite muraille



Je fais une petite pause et Santi me rattrape vers 11 h.
Il a un très bon rythme avec son sac qui pèse plus lourd que le mien.
On discute un peu puis je le laisse partir



Santi au loin



J'arrive à le suivre à distance et le rejoins finalement lors d'une pause.
Je suis abasourdi par tant de beauté. J’imagine que les occidentaux sont habitués mais on n’a pas de tels endroits dans la partie orientale des Pyrénées.
J’ai déjà fait l’Anie par le Nord il y a bien longtemps (2004) mais je n’avais pas eu une belle météo et je n’avais le souvenir de tant de splendeur.



Le col d'Anaye (ou d'Insole) n’est plus très loin, Santi m’immortalise dans ce lieu et on finit la montée ensemble



Arrivé au col, je suis abasourdi. Je mitraille l’endroit tant j’apprécie ces lieux : je suis dans un élément que j'adore, de la roche partout !  J’ai toujours eu une préférence pour le côté minéral de la montagne.
La muraille de l’Anialarra est impressionnante





Santi voulait initialement faire le pic d'Anie, mais il traîne une douleur musculaire à la cuisse depuis quelques jours et se résigne sagement à ne pas y monter



On rencontre des randonneurs qui en reviennent. Ils nous disent que l’accès n’est pas difficile et bien cairné.
Santi va prendre de l'eau aux sources du Marmitou puis grimpe au pic des Trois Rois. On s’est donné RV là-bas.
Je reste de mon côté un long moment à emmagasiner mille images de ce lieu magique. J'inspecte chaque sommet, chaque arête, chaque éminence, quelle beauté !
Le pic des Trois Rois au Sud et le fier pic de Pène Blanque, si je ne me trompe pas, tout à gauche



Le soleil est bien présent et même bien pesant, je grille littéralement. Il fait une chaleur terrible.
Je ne sais pas si c’est le soleil qui me fait perdre ma lucidité, mais je vais faire deux grossières erreurs coup sur coup.
D’abord, je décide de ne pas aller chercher d’eau au Marmitou, pensant que j’en aurai assez avec le litre restant : ERREUR !!!!!!!!!
Ensuite, je ne regarde pas la carte et je suis bêtement le tracé Rouge et Blanc qui ramène à Bélagua par le Sud de l’Ukerdi. J’étais convaincu que le GR contournait quelques mamelons pour remonter tranquillement au col des Ourtets par l’Ouest.
Que nenni ! C’est après avoir redescendu 150 m de dénivelé que je me rends compte que je fais fausse route sur ce sentier. Je me retrouve à 1870 m d’altitude et je dois grimper à 2446 m.
Par où passer ? Revenir au col d’Anaye ? Non, c’est trop simple, doit bien y avoir des cairns qui longent les parois Nord de l’Alto de Ukerdi ou l’Alto de Budegia…
Bah, je n’en ai pas trouver un seul. Finalement, j’ai fait ce trajet là :



Je fais un peu les montagnes russes dans ce désordre de roches : si les lignes de niveau semblent douces, c’est croulant à souhait et cela m’épuise vite, autant que ma réserve d’eau !



Je fais baisser un peu la température et mettant de la neige dans mon bob, la première que je rencontre depuis Hendaye



Mais je suis récompensé au passage d’une petit contrefort: je surplombe un bon paquet d'isards. Parfois, je les surprends à 10 m, ils se retrouvent tout bêtes et s'enfuient. D'autres se prélassent sur la grande quantité de névés que je croise. Ils sont peut être surpris de trouver un bipède ici.



La montée se fait de plus en plus dure quand je dois remonter un couloir de petits cailloux croulants qui me font perdre 30 cm de dénivelé à chaque mètre gagné. Le couloir où je suis passé (alors que je pouvais passer à gauche plus tranquillement mais je voulais aller au plus direct)





Je mets beaucoup de temps et le soleil m'assomme littéralement : quelle ironie avec la pluie de jours précédents.
Regard en arrière du haut du petit couloir



Le pic des Trois Rois est encore haut !



J’arrive  enfin à quelques centaines de mètres du col de Lhurs



Quel paysage tourmenté !



D’ici, le 3 Rois ressemble à la poupe d’un bateau



Ah, je ne suis pas le premier à passer là



Problème :  un immense névé pentu m'empêche l'accès au col de Lhurs. Que faire?
J'essaie de le traverser ou je le remonte jusqu'à son extrémité en amont en espérant que ça passe le long de la paroi Sud du pic des 3 Rois ? Pas le temps de réfléchir car, à ce moment-là, un immense pont de neige s'écroule avec fracas de plusieurs mètres dans un trou béant sous l'effet de la chaleur.




Ok, je monte tout en haut !
Je tombe par hasard sur l’ancienne croix du sommet de la Table des 3 Rois




J’arrive en haut du névé



Je trouve l'entrée d'une cheminée qui doit mener au sommet du pic des 3 Rois



mais ça passe entre le névé et la paroi vers la gauche et j'arrive enfin au gros cairn quelques mètres au-dessus du col entre les deux sommets des 3 Rois.



Et là, bain de foule, wouf, ça fait bizarre.
J’attends un peu que tout ce petit monde parte en mitraillant car je veux revenir avec ce que je suis venu chercher : le plein d’images !
J’essaie de nommer ce que je vois :
Le pic d’Anie



Le pic de Lhurs 



Le Billare



Le lac de Lhurs et au fond le secteur de l'Isabe 



La Table des 3 Rois


Le Jean-Pierre



Le vallon d’Ansabère



Les aiguilles



Le pic d’Ansabère



C’est beau aussi au lointain



 Je commence à avoir très soif mais je garde mes derniers 20 cl pour mon repas.
Je monte au Pic des 3 Rois. Non, pas par là



Mais par là



Je déguste mes nouilles chinoises à 16 h au château en discutant avec Santi que j'ai retrouvé là-haut.



Santi veut tout comme moi faire le pic d’Ansabère (appelé  Pico Petrechema sur la carte espagnole).
Mais j’hésite un peu car je n’ai plus une goutte d’eau et je n’ose lui en demander car je sais qu’il lui en reste peu.
Je pourrais aller aux cabanes d’Ansabère beaucoup plus rapidement en passant par le col d’Esqueste et les cabanes de Pédain.
J’inspecte le relief au Sud : c’est très tourmenté et sec par le Mouscaté mais c’est bien vert à l’Ouest du côté du sentier allant à Linza. Doit bien y avoir quelque chose qui coule pour refaire le plein. Allons-y.
Je n’oublie pas d’aller rapidement fouler la Table des 3 Rois et je retourne vers Linza



A vol d’oiseau, le pic d’Ansabère n’est pas loin…



J’accélère le pas, je double bon nombre de randonneurs croisés au sommet du Pic, et je pense bientôt voir Santi qui doit avoir quelques minutes d’avance, quand j'entends soudain « Mehdi ! » : c'est Nicolas (?), que j'ai perdu de vue depuis Orgambidé.
Il est en train d'essayer de remplir sa gourde de neige sur un névé sur la gauche du sentier. Il a eu
programme suivant: il a dormi au sommet d'Okabé, a fait le pic d'Orhy dans le vent, a dormi à Ardané, est passé par Bélagua puis au Nord de Linza. Il va au col d'Esqueste, et compte dormir comme moi aux cabanes d'Ansabère. Il a décidé de marcher seul car Julien semblait vouloir aller moins vite.
Je remplis ma Platypus de neige en discutant un bon ¼ h avec lui et je repars dans le sens opposé au sien. La neige fondant lentement me permet de boire une gorgée d'eau toutes les 5 minutes pendant une bonne heure au moins.
Je quitte le sentier balisé en voyant un cairn sur une éminence à gauche et à ma stupeur, je constate que le pic d'Ansabère est encore très loin et surtout qu'il y a des nombreux vallonnements qui me sépare de sa base : que de montées et descentes épuisantes sous le cagnard …




Je décide de retrouver le chemin balisé de Linza à l'Ouest qui contourne tous ces petits vallons. C'est plus long mais bien plus régulier et moins fatigant.



Salut les marmottes !



Je n'ai plus d'eau du tout, ma gorge est très sèche maintenant.
Je vois un abreuvoir mais l’eau stagnante est infestée d’insectes et le ruisseau qui l’alimente est un micro filet d’eau imbuvable.
Je vois maintenant le col d’Ansabère à droite du pic




Je sens que mes forces s'amenuisent. J'arrive difficilement à ce que je crois être le col d'Ansabère ( col 2078) mais que nenni, il reste bien une bonne demi-heure pour arrive au bon col au Nord.
J'ai abandonné depuis longtemps l'idée de monter au pic d'Ansabère, je le zieute quand même et j'aperçois tout en haut Santi en train de redescendre du sommet. J'ai si soif que je n'ai pas le courage de l'attendre et je me dirige très lentement vers le bon col d’Ansabère. Ca fait bien longtemps que je ne m’étais pas senti si faible. Je me suis bien protégé du soleil toute la journée avec le bob, donc ce ne doit pas être une insolation, mais je suis très déshydraté.
J’arrive laborieusement au bon col, le temps m’a paru être une éternité depuis le col 2078



Regard en arrière : le « mauvais » col est à droite du petit pic au centre de la photo



Je me promets de revenir pour le pic d’Ansabère, et le reste autour d’ailleurs



et j'entame les 400 m de D- qui m'attendent



Santi restera finalement bivouaquer au col avec très peu d'eau et il manquera également de gaz lors de son repas. Il devra repartir le lendemain sin désayunar.
Je prends de la neige sur le névé et prends bien le temps de la faire fondre dans ma bouche avant de l’avaler. Mais je n’étanche absolument pas ma soif.
Je profite à chaque pas des fantastiques aiguilles d'Ansabère : c'est absolument prodigieux !!




 J'arrive bien tardivement aux cabanes où je retrouve Nicolas (?) qui a monté sa tente.



 Je bois à la cabane du berger au moins un litre d'eau sans discontinuer tellement je suis assoiffé. Ouf, ça va mieux.
J'installe la tente face aux aiguilles, y a pire comme vue



puis je caresse le gentil patou



Je discute longuement en mangeant avec Nicolas(?) sur pas mal de sujets. C'est un urbaniste parisien très intéressant à écouter. Il a effectué pas mal d’excursions dans les Alpes, les Pyrénées et en Corse.
Nous attendons que le berger finisse sa traite pour lui acheter un bon gros morceau de fromage de brebis pas MUL du tout ! Il est excellent mais bien difficile à couper avec mon petit couteau.



Avant de me coucher, je discute avec un couple un peu âgé qui dort dans la cabane réservée aux randonneurs. Le monsieur est un trailer qui a gagné 2 fois la course du Canigou dans les années 80, celle du Montcalm et bien d'autres courses dans les Pyrénées. Waouh !! On discute 20 minutes et c'est enfin l'extinction des feux.
Je suis fourbu, mes jambes me font bien mal ce soir, et je m’hydrate longuement avant de m’endormir.
J’ai souvent l’habitude de dire à mes amis randonneurs qu’on oublie vite la fatigue après une rando et qu’on ne retient que le plaisir mais là, après 2 semaines, j’ai encore un souvenir très vivace de la fatigue  et de la soif ressenties lors de cette journée là.








J8 : dimanche 17 juillet 2016
Distance : 28 km              D+ : 1350 m        D- : 1830 m

C'est le dernier jour de ma traversée pour cette année 2016 et je profite pleinement des aiguilles au lever du soleil



Je prends tout mon temps ce matin, et ce sera le cas toute la journée.
Pas d’objectif précis, si ce n’est que je dois être demain matin aux forges d’Abel à 9 h pour prendre un bus me ramenant à Bedous, puis un TER jusqu’à Pau.
Je voulais au départ finir en vallée d’Ossau du côté du caillou de Soques, mais j’ai eu du mal à savoir s’il y avait des liaisons de bus ensuite jusque Pau. Et comme je ne suis pas fan du stop, et bien je repartirai l’an prochain de la vallée d’Aspe, pour aller peut-être jusqu’aux environs du Portillon.
Le temps est aussi splendide qu'hier. C’est très agréable pour cette ultime journée, et je sais que je ne souffrirai pas de la soif cette fois.
Nicolas(?) part avant moi et on pense que l'on se reverra aujourd'hui sur le sentier mais cela ne se fera malheureusement pas. Bon vent l'ami et bonne traversée !
La montée au petit lac d'Ansabère (« la mare » d'après Véron) se fait à l’ombre



Au lac, des randonneurs sont en train de ranger leur bivouac. Chouette endroit pour ça, la vue y est magnifique




J’arrive ensuite au col 1991 où je retrouve le soleil




Le ciel est bleu azur, tout est grandiose.
Dur de s'extirper de ces endroits magnifiques et de retourner à la vie citadine !
Secteur de la Chourique



Crête de Pétraficha et Qimboa Alto ?



L'ibon de Achérito à mes pieds est un véritable joyau




Il est enserré dans un beau cirque entre le pic du lac de la Chourique et le pic de Laraille



Arrivé au lac, j’ y plonge immédiatement



Je me frotte les jambes afin d'enlever le maximum de crasse mais je ne dois pas être très propre en sortant de l'eau car j'ai sur moi une vingtaine de mouches et de taons en moins de 15 secondes !
Je me rhabille et décampe illico.
Je contourne le lac en profitant de paysages superbes, oui les superlatifs manquent, mais ce coin est vraiment magique



Je grimpe plein Est en direction du pic de Laraille au lieu de suivre la hrp




Je me retrouve seul au milieu des isards. Certains me toisent d'en haut



La montée se fait bien en louvoyant sur les petites bandes d'herbes à l'écart des pierres croulantes.
Je vise ce petit passage (rochers jaunes), mais on doit pouvoir passer à d’autres endroits




Regard en arrière



Au col, je retrouve un peu l’atmosphère d’hier : du minéral !



A l’Est, je vois l’objectif à atteindre, le col de Pau.
Au loin, une succession de plans du plus bel effet



on doit voir le Castillo de Acher, le Visaurin et au fond la Peña Collarada



La montée au Laraille est facile




Je suis terriblement bien, seul au sommet. J'emmagasine autant d'énergie et d'air de la montagne que je peux. Quelle beauté de partout : de gauche à droite, Ansabère, 3 Rois, Anie, Billare, Aspe, Midi d'Ossau, Balaïtous, Infiernos, Castillo de Acher …
J’aperçois même un petit bout de Lescun



Je descends la crête jusqu'au col de Laraille



La petite crête parcourue



Je décide de passer à flanc plutôt que de suivre la crête (pic Pourtet Barrat) qui ne paraît pas facile du tout vu d'ici



Je vais au col suivant en longeant au plus près les parois, quitte à passer dans des petits pierriers




J’arrive au col entre les deux Pourtet
Vue vers le Nord-Ouest, j’aurai mitraillé les aiguilles



Le Pourtet Ouvert



Je redescends un peu pour passer dans l’herbe au Sud.
Le chemin parcouru avec le Laraille au fond



Je remonte au col 2043



J’espère bien qu’on va laisser l’isard tranquille ici !!



Au col 2043, vue sur le Lariste, que je n’ai pas envie de gravir. Aujourd’hui, je bulle



et je mitraille :
Castillo de Acher



Ansabère encore et toujours



Laraille



Je ne sais plus mais c’est beau. Peut être du côté du Chipéta Alto ?



Vallon du Labrénère au Nord-Est



Je grimpe sur le petit sommet Marmida



et le Cotdoquy en face



où le panorama est aussi sympa :
vers le pic de Burcq



vers le Lariste en arrière



las Foyas au Sud-Ouest



Le toit végétal de la cabane de Bonaris au Nord



vers le pic Rouge au Sud-Est



Je descends au col de Pau ou Pao ou Palo



Arrive à ce moment un couple à qui j'offre un morceau de brebis et ils m'offrent en échange un bon morceau de pain frais : quelle délice !
Ils viennent de Lescun



Je monte sur le pic de Burcq pour faire mon rôt




puis sur la Pena de Riste avec le Visaurin en face




Ce sera mon dernier point culminant de ma 1ère semaine de traversée.
Je dis au revoir aux Trois Rois et à la cour qui les accompagne



et à Lescun



et je dis bonjour au Midi d’Ossau, au Balaïtous, au Palas



On ne peut pas tout faire dans une traversée, mais le côté espagnol a beaucoup de charme et mérite une (ou même plusieurs) visite(s)



Je descends manger au col de la Cuarde




Un couple d’anglais me salue lors de ma pause déjeuner et file vers le col de Saoubathou, mais je les vois revenir 10 minutes plus tard à ma hauteur : il n’ont pas pu passer à cause de l’agressivité de 2 patous qui surveillent très scrupuleusement le troupeau qui s’éparpille de chaque côté du sentier.
Je les accompagne vers le troupeau et on monte au-dessus de celui-ci pour éviter la colère des 2 sbires zélés




Quelle différence avec celui d’hier à Ansabère…
En fait, je pense que ce sont des chiens adorables mais très bien dressés pour une unique tâche : la défense de leur troupeau.
Bon,  il peut y avoir des exceptions …
Le sentier est rectiligne et file tranquillement au col de Saoubathou




Une fois le col passé, je continue sur l'autoroute de la hrp : Holà, Hello, Bonjour, tout y passe



La cabane de Spélunguette il me semble



Le pic Rouge a son charme



J’arrive ensuite à la cabane de Lapassa




La jolie vallée de Belonce



puis la montée au refuge d'Arlet où je reprends de l'eau



Qui vois-je au bord du lac ? Santi, en train de faire ses ablutions !



Je le rejoins, me mets à l'eau et traverse l'étang à la nage. L'eau est chaude, incroyable !
Une bonne poignée de randonneurs prennent exemple et se mettent aussi à l'eau. Il faut dire que le soleil cogne dur.
Le couple d’Anglais qui a eu peur du chien arrive peu après et fait pareil.
Je discute un bon moment avec Santi et lui donne mes coordonnées. Je le laisse avec amertume à 17 h car je l'envie terriblement : il lui reste plus d'un mois de montagne !
 Il s'apprête à faire le Balaïtous, le petit Vignemale, les Espadas, etc … 
Je l'aurai bien accompagner un quelques temps encore.



Je ressens un peu de tristesse puis la joie reprend le dessus en me remémorant tous ces excellents moments passés dans le pays basque.
Je flâne et profite au maximum de ce que j’ai sous les yeux vers l’Est:





Il faudra je vienne aussi explorer le secteur de l’Escarpu



Je me rapproche très lentement du col de Labachouchoutéoù



Regard en arrière



Je rentre véritablement dans la vallée d’Aspe



J’ai encore à faire à un patou agressif pour aller au col 1909
La vue s’ouvre vers le Somport



La descente sur la cabane Grosse est tranquille





Je passe par la forêt pour aller à la cabane d'Espélunguère




mais le berger est à la traite et ne peut me vendre du fromage.
Il est 19h30, tant pis, je n'attends pas et je commence à descendre la route menant aux Forges d'Abel, où je dois prendre le bus le lendemain.
Au pont de Thézy, j'aperçois une cabane que je vais inspecter : ouverte, inoccupée, propre.



Je m'y installe, mange rapidement et me couche sans attendre. Excellente dernière nuit sur un bon matelas.

Le lundi 18 juillet 2016, je me lève à 6h30 et me mets de suite en marche, n'ayant plus rien du tout à manger. J'arrive aux Forges d'Abel à 7h, c'est un peu lugubre. Tout semble abandonné.
Je trouve l'arrêt de bus sur la N134 à la sortie du tunnel. Des camions passent à toute berzingue.
Brrr, le retour à la civilisation est rapide … Je dois attendre 1h40. Je décide de suivre le sentier de Compostelle à contre-courant pour rejoindre Urdos par la forêt en trottinant.
Je profite au maximum de cette dernière descente et arrive à Urdos à 8h35. J'achète 4 croissants et 2 pains aux raisins à la très gentille tenancière de la supérette et file à l'arrêt de bus au bout de la rue.
Le bus est à l’heure. A peine assis, les infos m’apprennent les 80 morts au feu d’artifice de Nice.
Je deviens blême. Je change de planète en un instant. C’est comme ça…
A l’année prochaine pour la suite !!!






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